Pourquoi le bâillement est-il contagieux?

Si le bâillement est commun à toutes les espèces – aussi bien aux reptiles qu'aux mammifères – il n'est contagieux que pour l'homme. Une recherche du médecin et spécialiste du bâillement, Olivier Walusinski, parue en 2003, décrit le bâillement comme une réplication comportementale liée à l'empathie.

Et il s'agit d'un comportement apparemment involontaire. «Aussi bien le bâilleur n'éprouve aucun désir de faire bâiller, que le spectateur-receveur de la réplication n'a conscience d'un désir de bâiller», précise Futura-sicences.com. L'étude de Olivier Walusinski pointe par ailleurs qu'«on a longtemps cru (à tort) que le bâillement sert à oxygéner le cerveau». Il s'agit plutôt d'un mécanisme de «synchronisation des états d'éveil, de sommeil et de l'appétit».

Pour expliquer le phénomène de contagion dont l'homme est la seule victime, Olivier Walusinski cite un collègue de l’Université Drexel qui avance que «les individus sont d’autant plus sensibles à la contagion qu’ils sont capables d’empathie». L’expression faciale des émotions sous-tend ainsi des «mécanismes cognitifs élaborés», rapportent les chercheurs.

Le bâillement et les pathologies

Puisque le bâillement implique plus d'une quinzaine de circuits neuronaux, l'étude souligne que des drogues neuromédiatrices peuvent «moduler les bâillements». Ainsi, le bâillement qui semble habituellement impossible à stopper peut être complètement inhibé chez une personne sous l’effet de la morphine, ou décuplé par la prise d'antidépresseurs.

Par ailleurs, «l’excès de bâillements peut révéler des pathologies neurologiques», détaille l'étude. Il peut en effet signifier le début ou la fin d'une crise d'hypoglycémie, d'une migraine ou la perte de connaissance.

Néanmoins, il s'agit d'un «comportement stéréotypé», dont les étapes sont semblables chez toutes les espèces. «Le dos se cambre ou s’arrondit. Après un bref arrêt respiratoire à thorax plein, survient l’expiration, passive, souvent accompagnée de vocalisations. Les muscles se relâchent, la bouche se referme, les yeux s’ouvrent. Le tout dure cinq à dix secondes», détaille le chercheur. Et sur ce, vous aurez certainement vous aussi, "répliqué"! 

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