Retrouver sa fierté et ses origines

En novembre dernier, le quotidien La Presse titrait que le propriétaire du Canadien de Montréal, l’Américain George Gillett, songeait à vendre ses parts de l’équipe, qui s’élèvent à 80% des actifs du club. Après avoir nié avec véhémence ce qui à ce moment n’était qu’une rumeur, provenant notamment de l’homme d’affaire canadien Jim Balsillie (BlackBerry), qui cherche désespérément à mettre la main sur une franchise de la Ligue nationale de hockey (LNH), le quotidien montréalais nous apprend cette semaine par la plume de Réjean Tremblay que Gillett a mandaté une firme pour trouver d’éventuels acheteurs.

La nouvelle n’a rien de surprenant, considérant la diversité des avoirs de Gillett, tant dans le monde du sport professionnel que dans les domaines financier et automobile. La crise économique fragilise cet empire. George Gillett qui, somme toute, est un excellent propriétaire ayant démontré une affection certaine pour le Canadien, reste un homme d’affaire. Lui qui est également propriétaire du Liverpool FC, club mythique de football anglais, doit prendre d’importantes décisions pour assurer sa santé financière. D’autant qu’il a déjà été contraint à faire faillite dans les années 1990.

Il n’y a rien d’inquiétant à savoir que le Canadien est potentiellement à vendre. Au contraire, il serait tout à fait surprenant, voire impossible, que l’équipe déménage, d’autant plus qu’elle est rentable. Cette annonce se veut une intéressante opportunité. Il est temps que le Canadien redevienne propriété d’investisseurs québécois qui, au-delà de l’argent, souhaitent sincèrement le succès et la pérennité de l’équipe. Bien que ça reste du sport, au Québec, le Canadien est plus qu’une équipe de hockey. C’est un refuge culturel qui perdure et qui est synonyme de succès et de fierté pour l’ensemble de la province. Un peu grâce au Canadien, les Québécois ont appris à gagner. Surtout à se battre.

Plusieurs candidats pourraient être en lice, selon ce qu’on apprend dans La Presse : Guy Laliberté, le tandem Dion-Angelil, Stephen Bronfman, Québécor et Power Corporation. Il y a d’autres possibilités. Mais une chose est sûre, le virage international du Canadien ne lui réussit pas, dans ses bureaux et sur la patinoire. À une époque pas si lointaine, tout joueur frissonnait à l’idée de faire partie intégrante de cette équipe aussi connue que son sport. Avoir sa place dans le vestiaire du Canadien est non seulement un privilège, mais aussi une responsabilité. Même parfois avec des équipes plus ordinaires que l’actuelle, le Canadien réussissait à remporter des coupes Stanley. Les deux dernières en font foi.

Il est évident que ce sentiment n’est pas du tout le même aujourd’hui. Surtout chez les joueurs. Encore cette fin de semaine, seuls les joueurs québécois semblaient secoués par la torpeur que traverse l’équipe. Cette équipe est une affaire de cœur, plus qu’une affaire d’argent et d’un mélange d’individualités. Un virage québécois est plus que souhaitable, question de retourner aux sources de ce qui a fait du Canadien un des symboles les plus importants du Québec.

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