Qui est le plus vert?

Selon Claudie Tremblay, coordonnatrice des opérations au Service des immeubles, la quantité et la nature des événements responsables ne sont pas compilées et on ignore donc quand cette pratique a été instaurée dans l’institution. «À l’Université, l’organisation d’événements est très décentralisée, c’est-à-dire que si une unité désire créer un événement écoresponsable, elle peut y aller à cent miles à l’heure, mais c’est chacun pour soi», spécifie Mme Tremblay.

L’Université a voté en novembre dernier une politique de développement durable qui, entre autres, aura pour but d’encourager la tenue d’événements écoresponsables. Cette politique permettra ainsi d’avoir plus de «poigne» pour inciter les initiatives en ce sens. En effet, un guide de normes écoresponsables contenant les coordonnées des personnes ressources à contacter est actuellement en préparation à l’intention des différents secteurs de l’Université. Cependant, on ignore quand ce document sera disponible. «C’est un work in progress», explique Mme Tremblay.

La situation est similaire à l’UQÀM, où un guide de pratiques écoresponsables a été publié, mais comme l’indique la conseillère en relations de presse, Jenny Desrochers, ces pratiques agissent à titre de guides et ne sont pas des normes imposées sur le campus. «Ce n’est pas obligatoire, mais on le suggère fortement», indique-t-elle. Par ailleurs, l’établissement dispose d’une politique environnementale depuis cinq ans déjà et des étudiants siègent sur
un comité visant la mise en place de nouvelles pratiques écoresponsables.

De son côté, l’Université de Sherbrooke dispose d’une politique de développement durable depuis 2005. Elle s’est dotée en septembre dernier d’un second plan d’action en développement durable comprenant 110 mesures. Ce plan d’action
mis en place par la direction est appliqué à l’ensemble des campus de l’établissement et ce, dans plusieurs secteurs qui vont au-delà de l’organisation d’événements. L’an dernier, la collation des grades et la journée Carrières
ont été organisées de manière écoresponsable.

L’UQÀC loin devant
L’Université du Québec à Chicoutimi (UQÀC) détient depuis 2005 un guide d’organisation des événements écoresponsables. Celui-ci comprend une liste d’actions à poser et des normes que tout événement organisé par l’institution se doit de respecter. Une version anglaise de ce guide a été commandée par la Commission canadienne pour l’UNESCO, qui désire le diffuser dans le monde anglophone, explique Claude Villeneuve, directeur de la Chaire en Éco-conseil à l’UQÀC. Ce guide est d’ailleurs utilisé ailleurs qu’à l’UQÀC puisqu’il a été créé dans ce but. «Le guide s’applique partout. Il est libre de droits, toute personne qui veut s’en servir n’a qu’à indiquer la source», mentionne M. Villeneuve.

En outre, l’UQÀC est très portée sur l’écoresponsabilité et la sensibilisation y est assez développée. «Les étudiants en Éco-conseil tentent à chaque année de battre les records de réduction à la source. L’an dernier, le colloque d’une journée comprenant un repas et des collations a généré 190 milligrammes de déchets ultimes par personne soit 10 000 fois moins que la moyenne reconnue par la United States Environmental Protection Agency pour ce genre d’événement», affirme M. Villeneuve.

Une certification dès l’an prochain
Avec la certification écoresponsable qui sera en vigueur dès 2010, une initiative du Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEE), on croit que l’organisation d’événements écoresponsables sera plus complexe dû aux normes minimales exigées. Néanmoins, les organismes publics pourront s’y soumettre sur une base volontaire. «L’écoresponsabilité, c’est un beau titre, mais ça engage à beaucoup», explique Mme Tremblay. En effet, pour porter le sceau de l’écoresponsabilité, il faudra être accompagné par un agent certifié et poser un certain nombre de gestes proposés par le CQEE. La certification, de bronze à or, servira de «cadre de référence» et permettra d’imposer des normes et d’uniformiser les pratiques d’organisation entre les différents événements. Cela a pour but, selon le CQEE, de «donner de la crédibilité» à l’appellation écoresponsable et de reconnaître les
efforts entrepris par les organismes organisateurs.
 

L’écoresponsabilité consiste en un type d’organisation visant à obtenir le moins d’impact environnemental possible, en limitant les déchets et les gaz à effets de serre. Il peut s’agir, par exemple, d’installer des bacs de récupération dans les salles, de choisir des produits qui génèrent le moins de déchets possible ou de l’utilisation de vaisselle réutilisable. La consommation d’aliments locaux lors des événements est également encouragée de même que l’utilisation du transport en commun.

Selon le Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEE), choisir la voie de l’écoresponsabilité présente plusieurs avantages. On cherche ainsi à réduire les impacts environnementaux de l’événement organisé et à sensibiliser les participants de même que les personnes employées pour l’événement à la cause environnementale. L’alternative permet au bout du compte d’améliorer le milieu de vie des citoyens, puisqu’elle s’inscrit dans une politique de développement durable. Si certaines mesures écoresponsables nécessitent un investissement financier au départ, il a été prouvé qu’à long terme, les organismes inscrits dans la voie de l’écoresponsabilité réalisent des économies.

«La dimension écoresponsable est une question d’éthique et de savoir-faire. Une question d’éthique parce qu’elle relève de la volonté d’optimiser l’usage des ressources et de minimiser les impacts dans une perspective intergénérationnelle, mais aussi parce qu’en visant à maximiser les retombées positives pour les plus démunis, elle constitue un exercice d’équité intergénérationnelle», écrivait Claude Villeneuve en introduction aux actes du colloque tenu lors de l’Association francophone pour le savoir en 2008.

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