C’était la 12e édition de La Nuit des Sans-Abri, le 18 octobre dernier, sur la place de l’Université du Québec.
Dormir à la belle étoile. Déjà, on s’imagine début août, quelque part en campagne avec de l’air frais dans le visage. Seule occupation de la soirée? Trouver les étoiles qui forment les constellations pour épater celui ou celle qui, on espère, participe à réchauffer les deux sacs de couchage « zippés » ensemble. Maintenant, imaginez que vous êtes au mois d’octobre. Vous regardez le ciel, pas une étoile n’est visible. Aucun mystère là: Vous êtes en ville. Seuls brillent quelques satellites qui se renvoient des signaux de cellulaires que vous n’avez jamais eu les moyens de vous payer. Ajoutons ici votre chien, sans qui vous seriez déjà mort de froid. Vous voulez toujours dormir à la belle étoile?
Monsieur Éric Boulay, directeur général de l’Auberivière, estime à 10 000 le nombre d’itinérants actuellement à Québec. Auriez-vous estimé autant? Non, répond Monsieur Boulay et c’est là le fond du problème: ceux qu’on voit dans les rues ne sont qu’une infime fraction du problème, comme les arbres qui cachent la forêt. L’objectif principal de La Nuit des Sans-Abri est de sensibiliser la population au problème de l’itinérance. Ils y a ceux qu’on voit dans les rues, qui fouillent les poubelles, qui mendient avec leur chien, et il y a ceux qui changent de logement plus souvent que de pantalon, c’est ceux-là qu’on ne voit pas. Les logements sont de moins en moins accessibles pour les gens à faibles revenus. Ce qui a changé en fait, depuis 1998, date où Monsieur Boulay a commencé à travailler dans le domaine, c’est la pluralité des visages. Il y a de plus en plus de jeunes qui souffrent de problèmes d’itinérance. Environ un tiers des gens qui passent par l’Auberivière sont âgés entre 18 et 30 ans, alors qu’ils étaient plutôt rares en 1998. On voit même des gens qui travaillent demander la soupe populaire…
Il s’agit maintenant de sensibiliser les gens à l’invisible. Comment? En les rendant un peu plus visibles! C’est pour cela que La nuit des Sans-Abri a été conçue. Chaque année, elle attire en général de 1000 à 2000 participants. De fait, vous les remarquez déjà plus. Ce ne sont plus seulement quelques « punks » aux cheveux multicolores qui veulent laver votre pare-brise pour quelques dollars sur Saint-Jean. Ils sont là bien sûr, mais vous aussi. Parce que cette cause vous touche. L’an prochain peut-être, s’il fait beau. Ou même s’il grêle. Un peu de courage, ils sont là à l’année, eux. Une chance que la roulotte du Marginal offre de la nourriture gratuite, et que l’Auberivière en héberge une quantité toujours grandissante d’esseulés.
Ce fut une très belle soirée ensoleillée pour une des rares fois depuis la création de l’évènement il y a 12 ans. Il y avait de la nourriture gratuite, une tente qui servait de friperie et une grande scène où quelques musiciens et danseurs se sont produits. Parmi eux, il y eut: Alain Martel, Gabriel, Noël Grenier et Joel pour la partie musique. Tous ceux qui étaient sur place l’on fait bénévolement. Bien sûr, il est impossible de voir des étoiles en pleine ville. Mais on peut les aider collectivement à trouver un peu de chaleur.