Foutrement : les mouvements d’un prisme amoureux

Dans une salle comble avait lieu jeudi dernier avait lieu la première de trois représentations de Foutrement, une chorégraphie de danse contemporaine de Virginie Brunelle à la salle multi du complexe Méduse.

Ann-Julie Nadeau

Inspirée par l’humain dans ses relations, elle s’intéresse cette fois au triangle amoureux. Foutrement, c’est un drame sentimental entre un homme et deux femmes. L’œuvre se déploie par l’expression de l’amour, la passion, le déchirement, l’obsession, la tentation… Mais, ce n’est pas dans une évolution ou une logique narrative plutôt un entrechoquement de passion violente, conséquence des effets d’une telle idylle.

Le spectacle commence avec deux interprètes qui enfilent des épaulettes de protection, comme s’ils savaient d’avance qu’aimer, c’est aussi la forte possibilité de souffrir. Sur une musique d’opéra, ils se séduisent, se charment. La femme se lance énergiquement dans les bras de l’homme puis retombe sur le sol brutalement. Tout le long, mouvements, les portés, les regards sont passionnés. Les corps s’attirent pour fusionner en un, puis se repousser encore plus fort.

La première danseuse laisse place à la seconde et fait son apparition dans une musique rock très lascive. On ressent tout de suite l’énergie sexuelle reliant l’homme et la femme. Les mouvements sont lents, suaves, charnels. La tension est palpable. C’est d’ailleurs dans un tableau suivant que le rythme haletant atteint son comble dans un duo féminin, sans musique, souligné par les respirations profondes, sans parler du jeu de pointes, des coups pieds frénétiques qui heurtent le sol à vouloir s’en casser les os.

Le spectacle devient très théâtral à certains passages. La symbolique d’anxiété, exploitée par les interprètes féminines portant des ceintures sur leur torse ainsi que des dizaines d’autres violemment lancées partout sur la scène. Le spectacle bascule donc vers la souffrance et le tiraillement ressentis par les trois personnages.

La chorégraphie de Virginie Brunelle est magistrale dans sa façon d’exprimer à la fois une gamme de puissants sentiments d’une très grande intelligibilité. En fait, on se reconnaît dans son œuvre parce qu’on a tous eu le cœur brisé un jour ou l’autre, tout simplement.

Le public est conquis par les émotions puissantes évoquées dans chaque nuance créée par l’éclairage, la musique et parfois même le souffle des interprètes. Une charge dramatique soutenue du début à la fin qui capte les spectateurs, se tenant au bout de leurs chaises. Certains retiennent difficilement leurs larmes.

Personnellement, j’ai faibli à l’introduction de «To build a home»  par The Cinematic Orchestra avec Patrick Watson, un passage incroyablement touchant au cœur du duo qui sera finalement celui qui l’emportera à la fin. J’en ai encore des frissons à l’écriture de ces lignes.

Longue carrière à Virginie Brunelle!

 

 

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