Quand chaque matin est une nouvelle vie

En entrant dans la salle, le spectateur se demande sincèrement s’il est au bon endroit. La pièce est entièrement blanche, trop lumineuse, remplie de boîtes, et un conférencier commence à entretenir les spectateurs du système de classement de la bibliothèque Dewey. Après quelques minutes, l’homme craque et explique comment toute sa vie, il a mené à bien plus d’une vingtaine d’impostures, en personnifiant au fil des ans différentes identités. Comme le relève à juste titre Vincent Champoux, auteur et unique acteur, «on parle d’imposture, de mensonge, mais c’est assez intéressant parce que le théâtre, c’est ça, une grosse imposture à chaque soir.»

Si l’histoire en soi est captivante, les défis que se sont donnés les membres de Théâtre de Chambre qui ont monté le spectacle le sont tout autant. Au début de la pièce, le conférencier échappe toutes ses diapositives et les replace aléatoirement. Les épisodes de la vie de l’imposteur seront alors racontés dans l’ordre de présentation des diapositives, ordre complètement laissé au hasard à chaque représentation. Stéphan Allard, metteur en scène, explique que «dépendemment de la soirée et de l’ordre de la pièce, le spectateur arrive dans chaque scène avec un bagage d’information différent. Vincent [Champoux] est conscient de ce que le public sait ou ne sait pas, et il joue avec ça aussi dans sa manière d’interpréter le texte.» Vincent Champoux ajoute que «le chemin émotif emprunté par l’acteur est différent d’une fois à l’autre, c’est déstabilisant mais très intéressant. En mettant l’acteur sur la corde raide, on s’assure qu’il va toujours être dans le moment présent. Ça amène un éveil beaucoup plus grand.»

Spectateur actif
La petitesse de la salle dans laquelle est présentée la pièce, le studio de création Marc-Doré, au Périscope, apporte un autre élément intéressant, un contact beaucoup plus direct avec le spectateur. Le texte fait également en sorte que le spectateur agit dans la pièce, il est souvent interpellé par le personnage et est lui-même un personnage. Le metteur en scène conseille donc au public d’être éveillé tout au long de la pièce puisqu’il «fait partie intégrante de la scénographie. Il est concerné, il n’a pas le confort d’un spectateur retiré dans le noir des estrades, il joue un rôle dans la pièce, il est tout le long sous l’éclairage.» Soyez avertis! Jusqu’au 4 avril, au Périscope.
 

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