Et le Canada est…

…loin, très loin derrière les meneurs au classement émis la semaine dernière par la FIFA (Fédération internationale de football association). Selon les bonzes du ballon rond, le Canada se situe au 94e rang mondial des équipes nationales. Tout juste devant les étoiles canadiennes, il y a le Mozambique et tout juste derrière la République démocratique du Congo, actuellement aux prises avec l’un des plus sanglants conflits de la planète. Ainsi, l’unifolié glisse de six places par rapport au classement de l’année dernière.

Ce n’est pourtant pas le pire rendement dans l’histoire de l’équipe nationale canadienne. À un certain moment en 2007, elle avait glissé au 107e rang pour rapidement se reprendre et terminer l’année au 55e. Mais c’est encore loin de la 40e position au classement international de 1996. Sur le graphique présenté sur le site de la FIFA pour décrire l’évolution de chacune des associations nationales membres, qui d’ailleurs ressemble drôlement à un électrocardiogramme, les performances du Canada font beaucoup plus penser à un patient aux prises avec des problèmes d’arythmie cardiaque qu’à une nation qui cherche à trouver ses lettres de noblesse sur la scène internationale.

Ces performances sont difficiles à expliquer pour un pays qui regorge de ressources humaines et financières. La vérité, c’est que le Canada peine de plus en plus à cacher son désintéressement pour la chose sportive. Les performances internationales en hockey sur glace ne sont qu’un leurre. Les neuf dixième de l’humanité se fichent éperdument d’un sport où seuls une dizaine de pays peuvent réellement se déclarer comme étant compétitifs.

Le monde n’en n’a que pour le foot et le Canada ne fait vraisemblablement pas partie de la parade. Plusieurs font valoir que la nordicité est une des raisons pourquoi le «plus meilleurs» pays au monde traîne de la patte en la matière. Alors pourquoi la Russie (8e), la Suède (25e) et la Norvège (45e) réussissent à performer sur la scène internationale? Pourquoi l’Égypte, qui n’est pourtant pas réputée pour sa tradition sportive, se classe au 31e rang? La Fédération égyptienne ne compte pourtant que 70 000 membres. Imaginez, à elle seule, la Fédération de soccer du Québec compte près de
200 000 membres.

Une seule fois, le Canada est parvenu à se qualifier pour la Coupe du monde de football. C’était en 1986 à Mexico. La formation canadienne était repartie aussi rapidement qu’elle était arrivée, encaissant trois revers consécutifs face à la France, la Hongrie et l’Union soviétique. En 2010 en Afrique du Sud, on sait d’ores et déjà que les Canadiens n’y seront pas.

Le manque d’installations adéquates fournit une explication. À Québec par exemple, il n’est pas normal que la région ne dispose que de deux complexes intérieurs que 25 000 membres doivent se partager. Partout ailleurs au Canada, la problématique est sensiblement la même. Il n’y a pourtant pas photo. La non-existence de centres d’entraînement dignes de ce nom prive la population canadienne d’outils pour développer l’élite sportive qui, elle, fournit des modèles pour la jeunesse.

Dans un pays développé comme le Canada, il demeure difficile à comprendre que l’on ignore ce principe. À Montréal, en 1976, et à Calgary, en 1988, le Canada a réussi à ne gagner aucune médaille d’or. Même pas en hockey. Aucune. Le Canada est d’ailleurs le seul pays de l’histoire moderne de l’olympisme à n’avoir remporté aucune médaille d’or alors qu’il était le pays hôte.

Des pays peu populeux comme la Norvège et l’Australie, qui investissent énormément dans le potentiel sportif de leur population, connaissent beaucoup de succès sur la scène sportive internationale. Si le Canada ne suit pas cet exemple, il restera condamné à regarder les grandes rencontres sportives internationales dans les gradins. Comme en politique d’ailleurs.
 

Auteur / autrice

Consulter le magazine