Drôle et touchante chorégraphie que celle de ME SO YOU SO ME, signée et dansée par David Raymond et Tiffany Tregarthen. Les deux artistes de Out Innerspace Dance Theatre dansent non seulement avec leur corps, mais aussi, et surtout, avec leur visage. Un spectacle à voir de près.
Déstabilisant, drôle, tantôt sensuel, tantôt bestial, ME SO YOU SO ME allie avec finesse art clownesque et danse contemporaine. Les enfants y trouvent leur compte, tout autant que les adultes. Les personnages, sortis de l’univers steampunk et manga, font partie d’une esthétique hors du commun, où la beauté n’est pas mise de l’avant. Même que parfois, les mimiques des danseurs aux visages peints de blanc rappellent Jim Carrey dans Ace Ventura ou dans The Mask. Pour dire…
La chorégraphie s’ouvre en silence, dans un noir total, avec une lampe dansante rappelant celle de Pixar. La lumière finit par éclairer l’homme, portant une salopette courte, un t-shirt blanc et des lunettes fumées rondes. Toutes les lumières s’ouvrent, la danse de séduction commence. Mais la séduction, dans ME SO YOU SO ME, n’est pas sexuelle : elle est étrange, animale, gamine. D’ailleurs, Tregarthen porte un casque avec des oreilles d’ours.
La lumière joue un rôle très important dans le spectacle. James Proudfoot signe un éclairage complètement déjanté, qui prend quasi la place d’un troisième danseur. À certains moments, des mots anglais associés à la musique sont projetés sur les danseurs, qui jouent avec les lettres lumineuses. L’effet est puissant, sublime. Parfois, ce sont des carrés rappelant la BD qui sont projetés au sol.
Asa Chang, un percussionniste japonais, a créé la bande-son et a inclus à la musique des voix, une féminine et une masculine, qui s’associent aux deux personnages. Que les paroles soient en japonais ajoute au côté déstabilisant du spectacle, mais ajoute aussi un rythme saccadé, frénétique.
ME SO YOU SO ME se conclut dans le noir, après une bataille épique. Deux paires d’yeux lumineux flottent, deux petites bêtes étranges dans une nuit surréaliste.