À l’occasion de la sortie de son nouveau livre, Le masque étrusque, aux Éditions de L’instant même, Louis Jolicoeur, écrivain de voyage, plonge ses lecteurs dans un périple familial et historique. Créant un monde de secrets et de mystères, c’est un bien étrange polar qu’il nous propose de découvrir.
Histoire de famille, histoire de possession, secrets gardés, mauvais sort et découvertes, c’est à la recherche d’eux-mêmes que partent les personnages du Masque étrusque. Le tout commence en 1943, alors qu’un jeune militaire canadien débarque en Italie. Il y soigne une jeune sicilienne, blessée par une bombe, qui, en guise de reconnaissance, lui offrira le seul bien de sa famille, un étrange masque étrusque, dont la ressemblance avec la jeune fille obsède le jeune Étienne. Ce dernier, de périple en périple et d’amour en amour, tente alors de retracer l’histoire du masque, de comprendre ce qui se cache derrière le curieux visage androgyne. C’est à Naples, à Paris, à Florence et à Rome que ce dernier mène ses recherches, ne se résignant jamais à redonner aux autorités italiennes ce qu’il considère comme étant son trésor de guerre.
Étienne vit autour de ce masque, tout en cherchant le chemin de son retour au Québec. Il fuit aussi sans cesse, ce qui pourrait finalement l’amener à comprendre l’histoire du masque. Pourtant, se séparer du masque, c’est un peu se séparer de lui. Aussi, ce dernier l’accompagne partout jusqu’à son retour au pays. Après de nombreuses années, il le donne finalement à son fils Théo, espérant peut-être que ce dernier pourra prendre la décision à laquelle il n’a jamais pu se résigner. Théo fermera la boucle, il dévoilera les étranges secrets du masque et les complots familiaux qui l’entourent, la tragédie de la vie de son père que ce dernier aura toujours ignorée. En démêlant le casse-tête d’une histoire qui n’est pas la sienne, il s’y inclura. Étape par étape, lieu par lieu, le lecteur suit l’histoire de ce masque et des sentiments que suscite l’objet tant convoité. Ce n’est qu’à la dernière page que soulagé, il faut reposer le livre qui nous a dévoilé ses mystères à la façon d’un polar qui se voudrait poétique.
Le style de Jolicoeur, sans cesse à redécouvrir, s’enracine dans une histoire dont il ne faut pas se lasser. C’est dans un passé, dans une langue, que le traducteur introduit sans cesse son lecteur. Il y fait un choix éclairé de vocabulaire, d’images, de fantasmes historiques, en nageant toujours dans une passion pour la beauté des choses, des villes, des gens qui les habitent, et pour l’histoire qui s’y tisse. L’auteur étonne par ses descriptions saisissantes de l’Italie, par la simplicité et la beauté de ses personnages qui ne se connaissent pas eux-mêmes. L’objet de leur désir et de leur incompréhension est un passeport pour leur histoire, qui elle-même s’éloigne forcément du masque. Le masque étrusque est un prétexte au voyage peut-être, mais tout de même, un très beau prétexte pour une passionnante histoire.