Une étudiante chercheuse s’intéresse à l’effet de la parentalité sur la persévérance aux études doctorales afin de mieux comprendre les défis, enjeux et réalités de cette périlleuse conciliation.
Parfois, certains événements normaux de la vie agissent ensemble pour aboutir à de formidables projets. C’est somme toute ce qui est arrivé à Dominique Tanguay, doctorante en sciences de l’orientation à l’Université Laval, il y a de cela une dizaine d’années.
À l’époque, Mme Tanguay, alors nouvellement maman, entreprenait un diplôme en études féministes. Dans le cadre d’un travail de mi-session, l’étudiante avait désiré s’attaquer à la question de la conciliation études-famille, « pour savoir comment les autres le vivaient ».
Or, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle a constaté qu’il n’existait strictement rien sur le sujet! « À partir de ce moment, j’ai tranquillement monté un projet qui, de fil en aiguille, est devenu mon projet de doctorat », a confié celle qui a mis au monde deux autres enfants depuis.
Loin d’être une sinécure
Le projet de Dominique Tanguay, le premier en son genre, vise à comprendre l’incidence de la paternité et de la maternité sur la persévérance aux études doctorales, c’est-à-dire sur le fait de s’engager dans la poursuite du programme académique. Après avoir questionné 24 femmes et 11 hommes, elle a constaté que la situation des parents-étudiants-chercheurs est loin d’être facile.
En ce qui a trait au déroulement même du doctorat, c’est la période de rédaction de thèse qui a été rapportée comme la plus affectée par la parentalité. En effet, puisque les journées des parents sont essentiellement modulées par les heures d’école et de services de garde des enfants, il est dur de dégager le temps nécessaire à l’élaboration d’un tel ouvrage. « De plus, ce type de travail ne se commande pas toujours. Il y a des journées où ça fonctionne, et d’autres où ça ne fonctionne pas », a souligné Dominique Tanguay.
Une autre difficulté soulevée par les sujets de l’étudiante réside dans la disponibilité mentale. « Il y a un écart entre la vie intellectuelle du doctorat et celle plus au ras des pâquerettes de la famille. La transition entre l’université, où l’on baigne dans les nuages, et la maison, où il faut ramasser le jus de raisin renversé par terre, peut être difficile », a affirmé celle qui, on le devine, a probablement été confrontée à une telle situation.
Parmi les différences majeures constatées au sein de l’échantillon, on remarque un clivage entre les pères âgés et ceux plus jeunes. Alors que les premiers adoptent « un partage des tâches plus traditionnel » avec leurs conjointes, les seconds s’impliquent davantage auprès de leur famille, « quitte à allonger la durée de leur doctorat ». Dominique Tanguay avance ici les différences générationnelles pour expliquer cet état de fait.
Favoriser l’accessibilité
Selon l’étudiante chercheuse, les données qu’elle a collectées dans le cadre de son doctorat pourront servir à assurer un accès diversifié aux études supérieures. « Aujourd’hui, l’âge moyen d’obtention du doctorat au Canada est de 36 ans, ce qui indique qu’il y a de plus en plus d’adultes au sein de cette population. Il est donc plus que jamais indispensable que nous nous intéressions à ses besoins, dont celui bien sûr de la parentalité », a-t-elle conclu.