La démarche de Michel Lam s’inscrit dans son désir de réaliser un film à la fois personnel et qui rejoint les gens. «C’était important pour moi que le documentaire ait une résonance sociale, un certain impact ou, à tout le moins, un questionnement. Je pars tout le temps de quelque chose de très personnel, il faut que ça vienne brasser mes valeurs, mais je ne parle pas de moi», indique-t-il.
Le cinéaste, également auteur-compositeur-interprète, estime qu’il est crucial de garantir à tous une éducation qui incorpore les arts dès le primaire, comme le fait l’école publique du Sacré-Cœur. «Le développement des jeunes comme citoyens commence dès l’école primaire. C’est là qu’il faut les exposer à la culture. Le but n’est pas tant d’en faire des artistes accomplis, mais plutôt de développer chez eux une sensibilité artistique qu’ils garderont toute leur vie», explique M. Lam. «La musique permet de sociabiliser davantage, de sortir l’être humain de l’individualisme. Les enfants ont un projet commun, ils doivent offrir une performance de groupe, apprendre à écouter l’autre, à travailler en équipe. Quand ils voient que les professeurs participent aussi, c’est le début de l’engagement social», ajoute-t-il.
Le regard des enfants
Le réalisateur concentre l’œil de sa caméra sur le petit Alexis, «six ans et trois quarts», initié au violon pour la première fois. Il suit également Rachel, une élève de 4e année. volubile et spontanée, et Anne-Catherine, jeune violoncelliste sensible et réservée, sur le point de quitter son école et d’entrer dans l’adolescence. M. Lam montre comment, le temps d’une année scolaire, la musique enrichit le quotidien de ces jeunes passionnés. «Pour vraiment comprendre les bienfaits [de la musique], je voulais que ce soient les enfants qui le disent, que ça passe par leur univers. Je trouvais ça beaucoup plus intéressant que d’avoir des experts qui viennent nous l’expliquer», mentionne-t-il, précisant qu’il voulait avant tout «faire vivre les sentiments» et présenter «une histoire qui touche les gens».
Michel Lam le dit d’emblée: son intention avec ce documentaire n’est pas de soulever un débat politique. «Je n’avais pas de plan, pas de but précis autre que de sensibiliser les gens : les parents, les professeurs, les enfants, explique le Sherbrookois. Évidemment, on voudrait aussi amener le film jusqu’aux instances politiques. On essaie fort, mais c’est plus difficile…»
Interrogé à savoir si les efforts du gouvernement en matière d’éducation sont investis à la bonne place, M. Lam refuse de trancher : «Je suis un cinéaste, je raconte des histoires et je fais des films qui parlent aux gens. Je ne suis ni sociologue ni politicien, je ne pourrais donc pas commenter quelque chose d’aussi précis. Je pourrais quand même dire qu’effectivement, c’est peut-être une question de priorité. Souvent, la culture et les arts, de manière générale, passent en dernier.» Les arts offrent de tels bienfaits à l’être humain qu’ils finiraient peut-être par régler certains problèmes, pour peu qu’on leur fasse une place, conclut-il.