En appui à la « Manifestation nationale contre les mesures d’austérité et pour un budget plus égalitaire » organisée par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), les étudiants de la Faculté des sciences sociales et de la Faculté de philosophie ont voté pour une levée de cours le jeudi 3 avril dernier.
Mireille Lemieux-Legendre
À l’instar de treize associations étudiantes collaborant avec l’ASSÉ, les militants de l’Université Laval se sont joints aux milliers de personnes investissant les rues du centre-ville de Montréal depuis la place Émilie-Gamelin.
L’opposition à l’austérité
L’austérité est une politique économique visant à réduire les dépenses publiques d’un État pour éliminer sa dette. Pour atteindre le déficit zéro, le gouvernement peut tarifier ou privatiser certains services publics. Les opposants aux mesures d’austérité proclament que le gouvernement n’agit pas par nécessité économique. L’austérité est un choix idéologique.
Bien que la manifestation ne soit pas partisane, l’ASSÉ reproche au Parti québécois le dépôt d’un budget d’austérité. Plus particulièrement sont décriés la hausse des frais de scolarité, les coupures dans l’aide sociale ainsi que le maintien de la taxe santé. L’ASSÉ propose d’aller chercher l’argent auprès des entreprises en augmentant leur fardeau fiscal.
La tenue de l’événement concorde avec la gigantesque manifestation contre les mesures d’austérité de Bruxelles, organisée le lendemain par la Confédération européenne des syndicats. Défilant par dizaines de milliers dans les rues de la capitale européenne, les militants ont réclamé l’abandon de la politique de rigueur.
La mobilisation de la population étudiante
À la Faculté des sciences sociales, le vote sur une levée de cours en appui à la manifestation s’est tenu lors d’une assemblée générale spéciale annoncée deux semaines plus tôt, selon les délais réglementaires. Malgré le peu de promotions départementales, le quorum de 2% a été atteint par la présence de 81 étudiants. La proposition de levée de cours a été approuvée par 48 voix.
«Nous étions déçus par la faible participation de la population étudiante, car notre objectif est que les décisions de l’assemblée générale apparaissent légitimes » mentionne Emanuel Guay, le coordonnateur général de l’Association des étudiant(e)s en sciences sociales de l’Université Laval (AESS-UL). 32 cours devront être reportés, affectant la fin de session de plus de 700 étudiants.
En vertu de sa charte, l’AESS-UL est dans l’obligation de tenir une assemblée générale spéciale afin de prendre position sur une proposition lors de la réception d’une pétition signée par plus de 25 membres. C’est la base militante de l’ASSÉ au sein des étudiants de la Faculté qui a présenté une pétition d’appui à la manifestation. L’AESS-UL représente les étudiants de tous les départements de la Faculté des sciences sociales, malgré leurs intérêts parfois divergents.
L’Association des étudiant(e)s en histoire et l’Association de création et d’études littéraires ont tenu des assemblées générales spéciales qui ont rejeté la proposition de levée de cours en appui à la manifestation.
Le jour J
Dans l’ensemble, le respect de la levée de cours par le corps professoral et les étudiants de l’AESS-UL s’est fait sans heurts. « Nous étions un groupe d’environ 40 membres pour effectuer le piquetage des cours visés par la décision », spécifie Emanuel Guay.
Certains professeurs du département d’économique ont donné du fil à retordre aux militants. L’un d’eux aurait donné rendez-vous à ses étudiants dans un local différent afin de déjouer le piquetage. Les militants, ayant réussi à localiser l’endroit, ont tenté de faire respecter la décision de levée de cours en jouant de la musique à l’extérieur du local. Le professeur aurait par la suite menacé d’appeler la sécurité, pour enfin déplacer le cours au Pub universitaire.
L’AESS-UL a organisé un transport vers Montréal afin de faciliter la participation des étudiants à la manifestation. Les étudiants de l’Université Laval participant à la manifestation ont déclaré que le tout s’était déroulé dans le calme et la bonne humeur. «Cette initiative étudiante a permis de démontrer qu’il existe au Québec des forces progressistes qui s’opposent à l’érection en dogme du néolibéralisme », souligne Emanuel Guay.