Quand j’étais tout jeune, ma mère organisait à chaque année une chasse aux cocos de Pâques pour tous les enfants de la famille. Les enfants ont grandi et malheureusement, la tradition chocolatée a laissé place à l’éternel mimosa & brunch.
Mais voilà que je me sentais nostalgique et qu’on annonçait une méga chasse aux œufs de Pâques à la belle ville de Laval : le Cocothon, l’appelle-t-on. Fait que j’ai proposé une escapade à mes cousins-cousines, en souvenir du bon vieux temps. Samedi, tôt le matin, on s’est rendus au Centre de la nature de Laval, avec tout un équipement pour s’assurer qu’on ramasserait le plus de cocos possible.
Sauf que, arrivés sur place, on trouvait ça vraiment long. Avec les enfants qui arrêtaient pas de chigner pis les clôtures qui nous empêchaient d’avancer, on s’est dit que le meilleur moyen de faire débloquer les choses c’était d’envoyer un éclaireur. J’ai soulevé un bambin tannant, je l’ai traversé l’autre bord de la barrière et on a contemplé l’effet domino…
Tous les jeunes ET les adultes ont copié l’enfant libre qui courait comme un lapin, d’un coco à l’autre. On les a suivis et ça a vite dégénéré. Avec nos grosses poches et nos râteaux, notre chasse était clairement plus efficace que la leur, avec leurs petits paniers pis leurs mains. Parents comme enfants nous dévisageaient et même un groupe de mamans nous a provoqué en duel. Une d’entre elles a plongé sa main dans la récolte de mon cousin et a encouragé les autres à faire pareil.
Des enfants se sont mis à se pousser, des familles criaient « révolution! » et nous, on savait plus trop où se mettre. On est partis en catimini, pendant une bagarre de papas, torses nus et canif à la main.
En voiture, revenant vite vers la Capitale, on en avait plein les poches, on riait aux éclats, enivrés par notre nouvelle prospérité chocolatée. On se sentait comme des pirates qui retrouvaient leur trésor. Cousins-cousines, les dents sucrées.
Dimanche matin, au brunch, on en a profité avec notre famille, autour de mimosas et d’histoires de bagarres lavalloises.