Malgré sa huitième et dernière place, c’est motivé à fond que Charles Philibert-Thiboutot revient de Marrakech, où il courait le 1500 m dans le cadre de la Coupe continentale de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF).
Samedi 13 septembre 21 : 00. Grand stade de Marrakech, Maroc. Départ de la course de 1500 m. « Next is the Canadian… Charlezzzz Philiberte-Thibuuuutot ». Gros plan sur l’étudiant-athlète de 23 ans qui a parcouru des milliers de kilomètres pour s’aligner sur cette épreuve. Le spécialiste de demi-fond y va d’un petit clin d’œil de circonstance à la caméra. À cet instant, il y a plus d’excitation que de stress qui se lit dans son visage.
Pourtant, il aurait de quoi être anxieux. À côté de lui se trouve, entre autres, le Kényan Asbel Kiprop, le Néo-Zélandais Nicholas Willis et le Djiboutien Ayanleh Souleiman, respectivement champion olympique, vice-champion olympique et champion du monde sur 1500 m. Tous possèdent un temps record supérieur d’environ 10 secondes à celui de Philibert-Thiboutot sur la distance. Mais surtout, tous sont en excellente forme puisqu’ils sont présents sur cette course réservée qu’aux meilleurs athlètes.
Une course en trois temps
Pan! C’est un départ. Le Norvégien Henrik Ingebrigtsen prend la position de tête et imprime le rythme. Ses sept adversaires sont bien calés derrière lui. Philibert-Thiboutot se tient en milieu de peloton tandis que le Kiprop traîne à l’arrière, en embuscade. Ça va vite, mais pas trop non plus. Le chrono indique 1 : 05.95 après le premier 400 m et 2 : 15.88 après le second.
Kiprop sort alors de son attentisme et décide d’insuffler une nouvelle dynamique à la course. Sans crier gare, il se porte à l’avant et durcit considérablement l’allure. Il est imité peu après par Souleiman qui passe la marque des 1200 m en 3 : 12.12. Toujours en milieu de peloton, Philibert-Thiboutot suit le bal.
La finale est explosive. Avec moins de 200 m à effectuer, Kiprop et Souleiman sont tous deux en tête avec, sur leurs talons, le reste du groupe. Visiblement débordé, Philibert-Thiboutot cède petit à petit du terrain.Alors que les deux Africains se disputent la gagne, il fait tout pour tout simplement garder le contact.
Résultat : Souleiman finit premier en 3 : 48.91 et devient par le fait même l’auteur du troisième final le plus rapide de l’histoire sur la discipline. Philibert-Thiboutout finit quant à lui trois secondes derrière, un temps bon pour la huitième et dernière position. Est-il déçu ? Non, bien au contraire.
« Ce n’est qu’une question de temps »
« Avec le niveau que j’ai actuellement, je n’aurais pas pu faire plus rapide que ce que j’ai fait », lance sans détour Charles Philibert-Thiboutot. Attrapé au vol lors de son retour en contrées québécoises, l’étudiant-athlète du Rouge et Or avoue que son niveau « n’était pas suffisant face aux meilleurs au monde [sur le 1500 m] ».
Malgré cette confrontation avec la réalité un peu plus intense qu’il l’aurait pensé, le coureur dit se sentir « réellement privilégié » de s’être mesuré à ces athlètes aux palmarès impressionnants. « C’était extrêmement enrichissant d’avoir une idée tangible du niveau auquel je dois aspirer », affirme-t-il.
Sur quels aspects doit-il travailler pour espérer un jour les battre ? « Je dois continuer à travailler fort autant en endurance qu’en vitesse pour que je puisse avoir ce cran de vitesse qui m’a séparé des meneurs, analyse-t-il. Je sais ce que j’ai à faire pour devenir meilleur, ce n’est qu’une question de temps. »