Critique littéraire : Notre duplex d’Éléonore Létourneau

Dehors novembre

Éléonore Létourneau

Éditions XYZ

Notre duplex nous plonge dans l’univers de Véronique et ses incertitudes, ses rêves avortés et surtout, son amitié ambiguë avec Marie « qui n’était probablement, au fond, qu’un parasitage réciproque », pour reprendre les mots d’Éléonore Létourneau. Donc, cette amitié avec Marie, celle dont Véronique envie le charme et la carrière florissante est au cœur du récit. Notre duplex, c’est aussi l’histoire d’amour avec Jérôme qui ne trouve pas les mots justes pour faire taire l’angoisse sourde de sa belle. C’est cette recherche d’un motif, d’une passion, d’un but qui guide Véronique jusqu’à Paris dans l’espoir d’apaiser ses doutes et de trouver une réponse à ses questionnements.

Dès les premières lignes, Létourneau met en place une atmosphère des plus lourdes qui donne le ton à ce récit introspectif et qui va suivre les pas du personnage principal tout le long du roman. En fait, l’atmosphère est un personnage en soi. Le roman s’ouvre sur la grisaille du mois de novembre 2012 — les références au climat qui règne au Québec à la suite du printemps érable y sont nombreuses —, se poursuit sous la pluie parisienne et se termine dans l’espoir du renouveau de janvier.

Ce qui caractérise Notre Duplex, ce sont les phrases coup de poing disséminées un peu partout dans l’œuvre. Ces observations de Véronique, qui sont heureusement nombreuses, portent à réflexion. Ce sont bien ces petits coups de gueule qui nous font le plus apprécier l’œuvre de Létourneau.

Ici, le lecteur est le spectateur des remises en question de Véronique. Celle-ci s’adresse à Jérôme, mais souvent aussi à nous. On sent ce glissement bien maîtrisé de l’un à l’autre. Elle explique ses sentiments à Jérôme, tandis qu’elle nous laisse les descriptions et les détails.

Si les descriptions peuvent rendre une œuvre plus réaliste, elles sont souvent de trop dans Notre duplex. Que ce soit la liste des nombreuses intersections que croise le personnage ou la description des quartiers où elle déambule, ces informations cartographiques nous donnent l’impression d’un résultat d’itinéraire dans Google Maps et alourdissent le récit.

Bien que ce soit en décrivant les sentiments de sa protagoniste que sa plume se fasse la plus belle, Létourneau tend parfois vers le pathos jusqu’à nous exaspérer. Pourtant, Véronique est un personnage familier qu’on reconnaît comme une amie qui peine à trouver sa voie ou une sœur en déroute. Au travers le mal-être et le malaise de Véronique, on reconnaît bien une génération qui rêve autant qu’elle doute d’elle-même.

Publié aux éditions XYZ dans la collection « Quai n˚ 5 », Notre Duplex est le premier roman d’Éléonore Létourneau.

2.5/5

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