Photo: Caroline Ross
Émile Morin, directeur artistique du Mois Multi, a de quoi être fier. La programmation de cette année regroupe des œuvres intelligentes, avant-gardistes et qui font réfléchir, affirme-t-il. À tout cela s’ajoute un désir bien visible d’interactivité. «Nous voulions aller chercher le spectateur, qu’il participe et c’était un critère de notre sélection d’œuvres, explique M. Morin. Celles sélectionnées ont donc cette facilité d’attirer les passants». Il cite en exemple le travail de l’Américain Paul De Marinis, RainDance, qui incite les gens à se balader avec un parapluie sous les pommeaux de douche musicaux qui seront installés dans le Jardin Saint-Roch, où le public pourra d’ailleurs admirer plusieurs œuvres du festival.
Œuvre «sensitive»
À ce lieu d’exposition s’ajoute le parc de la Cetière et le Studio d’Essai de la Coopérative Méduse. Caroline Ross, artiste et chargée de projets «création» pour l’événement, présentera l’installation-performance Arbre à l’intérieur des murs du complexe de Méduse. Un projet qui offre une métaphore poétique entre la nature et les technologies. «Arbre est un bel exemple d’œuvre sensitive, explique la jeune femme. Pas besoin de connaître l’art ou la technologie, le public n’a qu’à se laisser embarquer dans cette poésie électronique».
En compagnie d’autres artistes, Caroline Ross présentera aussi Flux et Reflux, un parcours interactif, dans la ville de Québec, regroupant une quinzaine de performeurs et musiciens, qui vise à ramener les ports et la francophonie dans la Capitale. «Le public suivra un camion hurluberlu qui contiendra une lumière de phare et qui va servir de support pour projection vidéo sur les buldings de la ville, explique-t-elle. Le camion s’arrêtera à cinq ou six stations où seront présentés des petites scénettes.»
Un hommage à l’Art des bruits
De son côté, Érick D’Orion a voulu offrir un hommage tout en musique au 95e anniversaire du manifeste l’Art des bruits écrit en 1913 par Luigi Russolo. «C’est un texte fondateur de la musique créative au 20e et 21e siècle, avance Érick D’Orion. Il prône l’ivresse de la vitesse et du bruit industriel, il glorifie le bruit de cette ère industrielle… tout le contraire d’aujourd’hui!»
Et l’artiste audio s’est entouré de dix collaborateurs pour mettre à jour son œuvre, aussi intitulée L’Art des bruits. «C’est selon moi les dix meilleurs artistes au Canada en art audio. Ils ont carte blanche sur la durée, leur seule mission est de s’inspirer du manifeste, explique-t-il. Et c’est un super trip que je me tappe! Si je suis un artiste audio, c’est à cause de lui, Luigi Russolo!».
Beau temps, mauvais temps!
Et que se passe-t-il si la pluie, fidèle à son habitude de cet été, décidait de se pointer le bout du nez? «Les oeuvres dans le parc sont présentées en continuité, rassure Émile Morin. On n’a qu’à attendre que la pluie passe!»
Ce dernier invite les gens en grand nombre à venir jeter un œil curieux sur les expositions. «C’est facile d’aller dans le Jardin Saint-Roch, dans le parc de la Cetière, facile, facile, facile! Mais je vous invite surtout à faire un petit effort et à aller voir les expositions qui sont présentées à l’intérieur des murs de Méduse.»
L’invitation est lancée! Pour compléter le tout, des conférences avec les artistes auront lieu à plusieurs reprises durant le festival. Plus de détails et toute la programmation se trouvent sur le site officiel du Mois Multi.
C’est quoi, les arts technologiques?
Pour Émile Morin, directeur artistique du Mois Multi, les arts technologies consistent en l’usage d’outils actuels (électronique, informatique, etc.) pour en faire de l’art. «De plus, cette forme d’art peut amener le spectateur à se questionner, à porter un regard critique sur l’usage en société de ces outils», précise-t-il. «Un art facile d’accès pour les jeunes» tient à ajouter Caroline Ross, artiste et chargée de projet «création» pour le festival. «Les jeunes sont très aptes à confronter cette nouvelle forme d’art, avance-t-elle. La technologie fait partie de leur culture, les jeunes naissent avec elle tandis que nous, on a dû être curieux pour y avoir accès».