Dans la situation présente, un État peut restreindre l’accès au réseau sur son territoire. Certains internautes astucieux arrivent à accéder au contenu prohibé grâce à la générosité de correspondants qui leur transmettent des données en différé, mais la plupart restent dans le noir.
Pour le cas des États-Unis, ce scénario tragique est apparu sur la table des possibilités il y a deux semaines, dans la foulée d’un projet de loi rédigé sous l’appellation « Combating Online Infringement and Counterfeits Act ». Le projet semble jusqu’à présent recevoir beaucoup de sympathie, à la fois chez les démocrates que chez les républicains. Sera-t-il adopté ?
Et si oui, qu’est-ce que cela changerait ? Pour l’instant, les serveurs de noms de domaines primaires, – ceux qui aiguillent indirectement la majorité du trafic Internet sur la planète –, se trouvent aux États-Unis. Advenant donc que la justice américaine décide qu’un site Internet doive être débranché – disons The Pirate Bay –, celui-ci deviendrait inaccessible pour les internautes du monde entier, et son interface serait remplacée par une bête page d’« erreur 404 ». Notons que ces serveurs de noms de domaines dont il est question sont des synonymes ( ou plutôt des raccourcis ) qui vous permettent d’utiliser des mots au lieu de des chiffres pour naviguer sur le Web. Donc, sans vous questionner, ils vous permettent d’accéder par exemple à la page d’Impact Campus en tapant impactcampus.qc.ca, plutôt que sa fastidieuse adresse IP, 172.236.171.33.
Sans surprise, le directeur de la Motion Picture Association of America ( MPAA ), Bob Pizano, a applaudi à deux mains la motion lorsqu’il a été interrogé sur le sujet en entrevue avec Wired. Il lui importe peu qu’un site Web soit localisé en Chine, en Irak ou en Suisse. Si le serveur en question facilite le transfert de données protégées par la loi sur le droit d’auteur, alors le site doit être fermé; c’est aussi simple que ça. De quoi faire grincer les dents n’importe quel diplomate…
Puisque cette mesure draconienne semble avoir été envisagée afin d’enrayer le fléau du piratage de propriété intellectuelle, ce pourrait bien être la fin du téléchargement de musique, de films et de jeux vidéo sur le Web. Sincèrement, croyez-vous vraiment que ça marcherait ?