Les Ignobles de la science

Ceux qui ponctuent l’après-coup de marteau sur un doigt par un juron d’exclamation seront ravis de savoir que l’IgNobel de la paix a été remis à trois chercheurs anglais qui ont démontré que le juron permet de mieux tolérer la douleur. Les sujets à qui ils ont demandé d’immerger leur main dans l’eau glacée devaient déterminer si placer un juron ou utiliser un mot «neutre» changeait leur perception de la douleur. L’étude publiée par NeuroReport rapporte le plus sérieusement du monde que jurer «augmente la résistance à la douleur,[…] et diminue la perception de la douleur».

Les barbus n’ont pas échappé à la loupe des chercheurs! Pas plus que l’étude menée par des scientifiques du Maryland en 1967 au sujet de la menace sanitaire que peut représenter la barbe d’un microbiologiste n’a échappé au jury des IgNobels! Des barbus et des non-barbus ont ainsi été vaporisés de bactéries dans le but de déterminer si la barbe retenait davantage les microbes et augmentait donc les risques de contamination. Les résultats de l’étude primée pour l’IgNobel de santé publique concluent que «même après un lavage, la barbe retient encore suffisamment de bactéries pour contaminer un hôte réceptif».

Si les montagnes russes coupent le souffle à la plupart des forains qui y montent, elles diminuent vraisemblablement la perception de la dyspnée chez les personnes souffrant d’asthme. L’ignoble prix Nobel de médecine a été remis à des chercheurs néerlandais qui, après avoir fait faire des tours de montagnes russes à répétition à des femmes asthmatiques, ont pu observer que le niveau de dyspnée diminuait chez certains sujets avec la montée de stress causée par le manège.

Finalement, comme quoi l’habit fait le moine: trois chercheures de la Nouvelle-Zélande ont  prouvé que le port de chaussettes par-dessus des bottes «est associé avec une amélioration statistiquement significative de la traction», ce qui représente selon elles un moyen «efficace et peu cher de réduire les risques de glisser sur une chaussée glacée»! L’étude publiée dans le New Zealand Medical Journal rapporte qu’on a fait porter des «bas de toutes les couleurs» à 30 piétons qui devaient descendre une pente glacée. Seulement un d’entre eux a perdu pied. Les récipiendaires de l’IgNobel de physique reconnaissent cependant avoir causé de «courts moments d’indignité chez ses sujets» afin d’arriver à ces résultats.

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