Il est donc bien connu que Carmen vit un stress intense à la vue d’une voiture de police. Après s’être faite arrêter parce qu’on l’a prise pour un homme et qu’on l’a soupçonnée d’être le voleur (notez le masculin) de la voiture qu’elle conduisait (et qu’elle n’avait ni volé, ni emprunté à papa), elle se dit qu’elle est certainement un aimant à contraventions et qu’elle n’est à l’abri nulle part…
Or, il existe dans la vie de Carmen un phénomène qui menace sa santé mentale : les chansons dans lesquelles le DJ a cru bon (quelle idée épaisse !) de mixer en ajoutant des bruits de sirènes de police. Au nom de toutes les Carmen (en fait, celles qui se reconnaissent dans ce personnage, et non pas celles qui portent systématiquement ce prénom), je m’insurge moi-même contre ces chansons qui compétitionnent avec les vraies sirènes et qui, certainement, sont un message subliminal : rien de moins !
***
Vendredi, 18h30, La Capitale est complètement jammée. Pourtant le trafic aurait théoriquement dû avoir déjà regagné sa chaumière et, à cette heure-là, il aurait théoriquement dû mastiquer un bon repas de fin de semaine, bien mérité. Or, moi, je me trouvais dans ce bouchon de trafic, bien loin des petits plaisirs «bien mérités». J’écoutais de la musique, parce que c’est la seule chose à faire pour changer le mal de place quand notre voiture est coincée d’un pare-choc à l’autre avec la voiture devant et la voiture derrière… et l’autre voiture devant… et toutes les 372 453 562 autres voitures qui sont prises dans le bouchon. J’écoutais évidemment une de ces chansons qui ferait l’horreur de Carmen et qui deviennent un véritable danger public dans ces circonstances… En effet, la sirène de ma chanson a si bien camouflé celle de l’ambulance qui filait à peu près à 350 kilomètres à l’heure sur l’accotement pour atteindre les blessés de l’accident qui était à l’origine du bouchon de circulation, que je n’ai JAMAIS vu arriver cette ambulance. Sécurité routière : 1. Monica : -1000. Carmen y aurait certainement perdu toute sa tête…
***
Vous vous imaginez le jour où Carmen recevra une contravention pour délit de fuite, passible de prison à vie, évidemment parce qu’elle aura continué son chemin malgré l’escouade de 15 véhicules policiers (oui, 15) qui la pourchassaient, mais dont elle n’aurait pas entendu les sirènes à cause de la fameuse chanson dans laquelle le DJ a cru bon de mixer en ajoutant des bruits de sirènes de police ?!… ?!?! … !!!
Et que dire des autres chansons dans lesquelles des bébés pleurent (comme des vrais, en plus), des gens rient (de vous, évidemment !) ou des coups de feu sont tirés (comme au Far West)? Et celles dans lesquelles on entend des bruits d’océan (un peu provocant quand il fait -75 degrés, en janvier) ou des bruits de monnaie sonnante (pour vous rappeler qu’on est vendredi et que la paye de la veille est déjà toute dépensée) ?
Puisqu’elles constituent certainement des messages subliminaux, et qu’on en connaît au moins tous une (ou plusieurs…), j’accuse la théorie du complot et je clame haut et FORT que ces chansons sont un danger pour l’humanité (et toute forme de vie, en fait), parce qu’elles nous désensibilisent aux bruits alarmants (oui). Entendre un bruit d’océan dans une voiture, à moins d’avoir défoncé le garde-fou et de flotter dans la rivière après une sortie de route ; ou entendre un coup de feu alors que votre «voisine de trafic» a des cheveux bouclés blancs, rappelant l’inoffensivité d’un joli mouton, c’est contre nature et ce n’est pas NORMAL… J’ai donc de quoi craindre pour la santé mentale publique et celle de Carmen en premier.