La brise polaire, des pas dans la neige et les aurores boréales, voilà l’imagerie qu’inspire Landscape, le premier album de Juulie Rousseau, sorti le 17 novembre dernier sous label indépendant. L’oeuvre, teintée de diverses cultures, nous conduit au cœur de la toundra en nous fournissant, toutefois, les repères nécessaires.
À première vue, Landscape semble davantage s’inscrire comme le produit d’expérimentations. Le tout s’annonce un brin hermétique de par la présence d’une ribambelle d’instruments aussi méconnus qu’imprononçables tels le Khuushir ou encore l’Ikh Khuur. L’artiste, également étudiante à l’Université Laval, affirme s’être laissée guider par ses nombreux contacts avec diverses cultures, notamment celle du peuple mongol. Malgré tout, l’écoute de l’album est fort plaisante et tend à rejoindre davantage la contemplation que le véritable dépaysement.
Le piano, le violon et la contrebasse se jouxtent à des sonorités nouvelles qui donnent toute son ampleur et son caractère à l’œuvre . Cet ajout d’instruments orientaux vient injecter juste assez de finesse à un ensemble déjà particulièrement élégant. La composition musicale, bien que grandiose, aurait bénéficié de mélodies plus accrocheuses afin de conquérir pleinement un public néophyte.
Les thèmes de l’amour et de la vie en nature s’entrecroisent constamment dans ce qui, au final, devient un hymne à l’adoration des grands espaces. Les paroles en langues française, anglaise et mongole inspirent une quiétude presque mystique que l’artiste interprète avec une grande délicatesse. Faute d’appuyer l’unité artistique de l’album, son plurilinguisme le rend plus riche et digne d’intérêt.
La voix multicolore de Juulie Rousseau s’accorde avec audace et maturité aux orchestrations complexes de l’album. Son timbre puissant et particulier semble être doté d’une quantité infinie de nuances et de possibilités. Cette voix sait raconter les histoires.
Juulie Rousseau relate les souvenirs de grands espaces sauvages et d’amours nordiques dans un premier projet qui ne manque pas d’impressionner. Landscape est un périple qui, au passage, permet de constater toute l’ampleur du talent de la jeune musicienne. Espérons que ce n’est pas la dernière fois qu’elle nous y invite.
3,5/5