Critique littéraire : Survivre ! Survivre !

Un hymne à la résilience

Survivre ! Survivre !

Michel Tremblay

Leméac, Actes Sud

Avec ce huitième opus de la Diaspora des Desrosiers, Michel Tremblay nous offre une autre chronique sublime de cette famille connue tirée de l’univers de l’auteur.

Myriam Martin Brochu

Le Plateau Mont-Royal en septembre 1935 nous y est décrit avec un réalisme absolu, allant de la rue Fabre au luxueux restaurant du neuvième étage du magasin Eaton au centre-ville de Montréal. Cette chronique chorale mêlent les histoires de Victoire et Télesphore, Édouard et Ti-Lou, Josephat et sa fille, Laura Cadieux ainsi que plusieurs autres. Ces protagonistes, que la pauvreté et la vie dure réunissent, tenteront à leur façon de se sortir de leur léthargie. Au fil de la lecture, on découvre la vie de ces gens, les épreuves qu’ils ont traversées. On y apprend notamment, en première partie, que Ti-Lou, maintenant amputée d’une jambe, aurait fait tourner la tête de tous les hommes d’Ottawa étant plus jeune.

Ils ont tous quelque chose en commun : un rêve qui leur semble inatteignable, presque abandonné. Une seule question se pose : comment survivre au temps qui passe et aux désillusions ? Certains prendront leur destin en main dès la deuxième partie du roman, essayant ainsi de s’extirper de leur vie misérable. La montée de colère de Victoire vis-à-vis Télésphore, son mari paresseux, après tant d’années à l’endurer, est de ces moments qui témoignent de la volonté de survie des personnages.

Tous donc se résignent à suivre le cours de leur vie, peu importe le dénouement qu’elle prendra, n’ayant d’autres choix que d’être résilients et d’accepter leur situation. La résilience occupe une place prépondérante dans ce huitième opus de la saga de Tremblay. Tour à tour, les personnages de Survivre ! Survivre ! seront capables de surmonter l’adversité, les chocs et les événements dramatiques de la vie.

Le style littéraire de Michel Tremblay rend parfaitement hommage aux personnages issus d’un quartier populaire de l’est de Montréal et que la vie a écorchée. Un style qui paraît simple, mais qui va droit au but, qui décrit à la perfection la richesse de la capitale que Maria visite avec son ami de cœur Fulgence, l’odeur de gardénia du parfum de Ti-Lou ou l’ambiance des clubs et tavernes peu fréquentables de Montréal. Le joual, toujours présent dans les œuvres de l’auteur, nous rattache aux individus.

Survivre ! Survivre ! est un roman qui se dévore rapidement, un bonheur de lecture qui s’inscrit bien dans l’histoire de la famille Desrosiers et qui nous permet de connaître d’avantage les protagonistes.

4/5

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