Critique littéraire : La liberté des détours

La liberté des détours

Mathieu Blais

Leméac

La fuite vers le vide

Originaire de Montréal, Mathieu Blais signe ici sa huitième œuvre littéraire, empreinte de toute la beauté de la Côte-Nord et de ce que la nature humaine a à offrir.

Le tout commence dans le camp de chasse de Monsieur Nadeau où un locataire, Paul Roberge alias Jonas, tout droit venu de Saint-Michel-des-Saints, est venu se réfugier. Le nouveau nom de Paul représente désormais la nouvelle vie qu’il s’est créée pour fuir la « malédiction » voulant que les membres de la famille Roberge soient voués à l’échec. Sur la Côte-Nord, il fera la rencontre des habitants de Baie-Trinité, à commencer par Guillaume Poitras avec qui il passe des soirées complètes à jouer et à boire au Pit-bar, le seul endroit de rencontre des environs. Il croisera également la route de Joseph Marcoux qui possède l’épicerie, là où les hommes du village se réunissent pour parler des dernières nouvelles et des mauvais coups de Matis Vaillant, le « bum » du village. Roberge fait finalement la rencontre de Marie-Jeanne qui vit dans un autobus scolaire réaménagé, une autre sauvage comme lui avec qui il développera une relation particulière. Tous, sans exception, viendront bouleverser son univers.

Mathieu Blais décrit avec une aisance déconcertante le paysage et l’atmosphère de la Côte-Nord en plein hiver, nous permettant de comprendre l’univers de ses personnages. Par ses descriptions, on peut sentir la branche gelée qui craque sous les pieds, la fraîcheur du vent qui frappe au visage ou la clarté des matins d’hiver lorsque le soleil se reflète sur la neige. Là où toute forme de vie peine à survivre, on peut se demander pourquoi Paul Roberge a choisi un tel endroit pour se réfugier. L’auteur, cependant, ne réinvente pas le style et se contente d’illustrer tout ce qui entoure son héros et de décrire ce qu’il ressent. Alors que le thème central du roman est la liberté, ses personnages semblent plutôt pris dans un carcan dont ils ne peuvent sortir; l’alcool, la cigarette et la pauvreté.

L’histoire est intrigante, bien que l’auteur n’arrive pas à nous tenir en haleine tout au long du roman. On passe l’entièreté de l’œuvre à essayer de découvrir le passé du protagoniste ou de savoir ce qui s’est passé dans ce camp de Baie-Trinité. Au final, on se retrouve un peu déçu, l’auteur ne faisant qu’expliquer en surface des événements qui prennent une place importante dans le récit. Le déroulement promettait une chute explosive, on aura plutôt eu droit à une fin en queue de poisson.

2,5/5

Myriam Martin Brochu

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