Le réalisateur et coscénariste dit s’être beaucoup inspiré des grèves étudiantes des dernières années pour pondre son long-métrage. «Depuis 10 ans, on ne parle que de santé au Québec, avance-t-il. Je trouve que ça devrait être l’éducation la priorité. L’éducation, c’est l’avenir: on n’en parle pas assez.» Un exemple? «Depuis 2006, toutes les universités sont déficitaires. C’est problématique, il va falloir que quelque chose se passe.»
L’université, vecteur de transmission des savoirs, Rose la convie au banc des accusés. «Qu’est-ce qu’on fait à l’université? On transmet. Mais est-ce qu’on transmet assez? Comme artiste, je suis obligé de reconnaître que la démocratisation du savoir a achoppé. C’est bien beau de vouloir éduquer tout le monde, mais qu’est-ce qu’on fait, on donne des bacs à tout le monde? S’il faut abaisser les standards pour démocratiser l’université, je suis contre. Je pense que l’université doit demeurer un lieu d’excellence. C’est peut-être quelque chose qu’on ne valorise pas assez.»
Alexis Martin abonde dans le même sens. «C’est hypocrite de dire que tout le monde peut réussir à l’université, dénonce-t-il. Tout le monde peut réussir, en y mettant le travail et en étant préparé dit-on, mais semble-t-il que ce ne soit pas le cas.» Le comédien fait référence notamment à la piètre qualité du français dans les universités. «Je pense qu’on peut difficilement être contre ce diagnostic : quelqu’un qui ne sait pas écrire sa langue, que fait-il à l’université?»
Force pour lui est de le constater, tout ne tourne pas rond dans le milieu de l’éducation, et l’université n’est pas en reste. «Le marché est peu à peu en train de s’insinuer au cœur de l’édifice du savoir, lance l’acteur. À la base, le savoir devrait être désintéressé, hors du calcul. Je pense que les étudiants ont beaucoup de questions à poser aux autorités universitaires : qu’est-ce que vous voulez faire de ce lieu-là ? Est-ce que parce que le gouvernement vous a larguées, vous êtes obligées de faire appel à l’industrie privée pour financer vos activités? Comment allez-vous garantir votre indépendance? Toutes ces questions, il faut les poser.»
Le réalisateur ne pourrait être plus d’accord. S’il y a une chose qu’il aimerait pour son film, c’est qu’il suscite les discussions, «qu’il incite les jeunes à se mobiliser, à la redéfinir, l’université». Un de ses personnages le dit d’ailleurs: «L’université nous appartient. C’est à vous autres, l’université. C’est aux jeunes à prendre ça en main.»
Pile pour la rentrée!