D’arrestations massives aux gaz lacrymogènes en passant par une marche familiale, la semaine dernière a vu défiler trois manifestations contre l’austérité, essentiellement étudiantes. Retour sur une semaine de manifs.
274 arrestations, 3 tirs de gaz lacrymogènes, une poignée de blessés et des centaines de personnes qui battent le pavé. C’est un premier bilan de cette dernière semaine de manifestations qui marque également le début du mouvement étudiant et social du « printemps 2015 ».
Mardi 24 mars, la première manifestation de nuit s’est soldée par deux arrestations massives. Au total, la police de Québec a interpelé 274 personnes ce soir-là, marquant la plus grosse arrestation massive de la Ville en une journée.
Camille Godbout, porte-parole de l’ASSÉ, s’indigne face à de telles interventions : « Les arrestations de masse, c’est une pratique qui est décriée par des organisations internationales. Nous allons continuer à déplorer la brutalité policière qu’il y a eu mardi dernier, alors qu’on a vu des gens mordus par des chiens ou brutalisés à coups de matraque. »
Certaines critiques reprochent aux manifestants de ne pas avoir préalablement dévoilé leur itinéraire à la police. Ce à quoi Camille Godbout répond : « L’itinéraire n’est pas une condition sine qua non au droit de manifester, bien au contraire. Le but d’une manifestation, c’est de déranger. »
Brutalité policière
La manifestation du jeudi 26 mars a marqué un tournant dans le déploiement policier. Alors que le rassemblement organisé par l’ASSÉ en marge du dépôt du budget battait son plein, la tension est montée entre la police et les manifestants. Une étudiante du Cégep Garneau, Naomie Tremblay-Trudeau, a reçu un tir de gaz lacrymogène au niveau du visage. Rencontrée lors de la manifestation pacifique du dimanche 29 mars, celle-ci assure qu’elle continuera à manifester jusqu’au bout : « J’ai une cause à défendre. […] C’est sûr que j’ai un peu peur. Je n’irai peut-être plus au front. Mais, je vais être là et je vais manifester. »
Dans une ambiance familiale, la manifestation de dimanche a réuni elle aussi quelques centaines de personnes. « On s’est dit qu’il fallait une manif familiale après les événements de mardi et jeudi, déclare Émile, étudiant au Cégep Garneau et membre du comité organisateur de la manif. […] Donc, on s’est dit qu’il fallait enlever la peur de marcher dans la rue en se rassemblant tous ensemble aujourd’hui. »
« C’est normal d’avoir peur après ce qu’il s’est passé. C’est pourquoi on a déclaré notre itinéraire, pour rassembler les familles et enlever la peur de manifester », poursuit-il.
Manifestation du 2 avril
Une manifestation nationale se tiendra jeudi prochain à Montréal. Organisée par l’ASSÉ, elle regroupera plusieurs milliers de personnes. « Le 2 avril prochain, c’est un ultimatum qu’on lance au gouvernement, déclare Camille Godbout en point de presse. […] Le gouvernement fait une déclaration de guerre au milieu de l’éducation en effectuant les pires compressions depuis 20 ans. Et le 2 avril prochain va être aussi le déclencheur d’un mouvement social au Québec qui va aller outre la question étudiante. »