Des Jeux Olympiques (JO) verts. Mieux encore, les premiers JO verts de l’histoire. Les critiques ont été dithyrambiques à l’endroit du pouvoir chinois quant aux efforts consentis pour faire de Pékin une ville verte. Même Greenpeace, pourtant peu complaisante habituellement avec les pouvoirs politiques, unissait sa voix à celle du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) pour louanger «les efforts déployés par les organisateurs et les sponsors des jeux de Beijing 2008, dans le but d’améliorer la situation environnementale et de diminuer la pollution à Beijing.»
Pourtant, j’ai une question simple : ces personnes sont-elles sorties de Pékin pour constater que ces JO, si «verts», assèchent littéralement les cours d’eaux environnants? Le but : répondre à la consommation d’eau de la population pékinoise, mais surtout à celle liée aux JO et à la présence de milliers d’athlètes dans le village olympique.
Selon un article de Brice Pedroletti, paru dans le journal français Le Monde le
15 août dernier, 5 % de la consommation annuelle en eau des Pékinois ont été utilisés durant les deux semaines de compétitions. Déjà dans une situation critique, la capitale chinoise a dépensé son or bleu sans penser aux conséquences dramatiques sur les populations paysannes qui dépendent de cette ressource naturelle. On y repensera à deux fois avant de qualifier les JO de Pékin de «verts».
En Amérique du Nord, le calendrier sportif et la taille des territoires canadiens et états-uniens posent un énorme problème.
Par exemple, le Canadien doit disputer 82 rencontres dans l’année. Ce qui implique 41 déplacements par saison en dehors du Centre Bell et donc, autant de voyage en avion. Pouvez-vous imaginer la quantité d’émissions de gaz à effet de serre (GES) émie à chaque saison pour toute la ligue ?
Louis-Gilles Francoeur, dans un article paru dans Le Devoir du 29 décembre 2007, avançait le chiffre de dix tonnes par joueur. On multiplie ce chiffre par 20 joueurs pour chaque équipe et donc, vu qu’il y a 30 équipes dans la Ligue nationale de hockey (LNH), cela fait un total de 6000 tonnes en une saison, rien que pour les déplacements !
Et ce n’est que le cas du hockey. On peut appliquer ces chiffres au basket-ball, puisque les équipes de la NBA disputent exactement le même nombre de rencontres. Ne parlons même pas du base-ball ou du football…
Il y a aussi tous les sports automobiles, tel le Nascar, la Formule 1, les rallyes automobiles, etc. Parmi ces derniers, on retrouve le malheureusement célèbre Rallye Paris-Dakar qui, en plus de polluer l’atmosphère, détruit des écosystèmes entiers (et oui, les déserts comportent aussi des écosystèmes) et traverse à vive allure des villages désertiques et reculés, fauchant au passage quelques vies.
Cette année, le Paris-Dakar a été annulé. Est-ce parce que les organisateurs, conscients de l’importance de leur empreinte écologique et humaine, auraient décidé de mettre fin à cette hérésie ? Non, pas du tout, ils craignaient simplement pour la vie de leurs coureurs, étant donné qu’un couple de touristes français s’étaient fait assassinés en Mauritanie quelques semaines avant le départ de l’épreuve mythique. La solution pour éviter de revivre une telle déception ? Déplacer le Paris-Dakar en Amérique du Sud en 2009. Logique, après avoir encrassé l’Afrique, allons souiller les paysages idylliques sud-américains. (À ce propos, je vous propose d’écouter la chanson-hommage au Paris-Dakar de Renaud : «500 connards» sur la ligne de départ.)
Difficile de rendre le sport vert, compte tenu de son caractère éminemment économique. Les problèmes que l’on retrouve dans la société, c’est-à-dire la frilosité des dirigeants politiques et économiques à trouver des solutions environnementales efficaces, se retrouvent dans le monde du sport. Malgré tout, des programmes de compensation des émissions de GES ont été créés à la demande de certains joueurs de la LNH.
Serait-ce une vraie solution ou simplement une façon de se donner bonne conscience ? Un peu un Kyoto bis, en fait…