La physiothérapie en première ligne

Entrevue avec le major Luc J. Hébert, professeur au département de réadaptation de l’Université Laval et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS), à propos du rôle du physiothérapeute sur la ligne de front.

Quel est le rôle du physiothérapeute au sein des Forces armées canadiennes (FAC)?

Les exigences physiques du métier de soldat sont importantes : les blessures musculo-squelettiques et traumatiques sont nombreuses. Cela met donc à rude épreuve les connaissances du physiothérapeute. Lors des déploiements, ces derniers sont d’ailleurs appelés à faire beaucoup de triage au niveau de l’urgence et du sans rendez-vous afin de décharger les autres professionnels de la santé (chirurgien orthopédiste, médecins, etc.). Beaucoup d’activités de promotion de la santé sont aussi faites par les physiothérapeutes.

Cette discipline a-t-elle beaucoup évolué au cours des dernières années ?

L’évolution de la réadaptation, et particulièrement de la physiothérapie, a été exponentielle dans les 60 dernières années. Ça va être encore pire dans les prochaines années parce qu’il y a justement les nouvelles technologies, tout comme la collaboration interdisciplinaire. Le génie est mis à profit pour développer des outils, des aides techniques qu’on n’avait pas. Il y a aussi tous les mécanismes sous-jacents aux blessures des militaires que l’on comprend mieux. Dorénavant, nous entraînons notre personnel à la lumière de tout ça. C’est très prometteur pour les étudiants qui décident d’aller en physiothérapie.

Comment les nouvelles technologies participent-elles à cette évolution ?

En réadaptation, on a une approche très novatrice et on se questionne beaucoup sur ces dernières. Les avancements concernant les exosquelettes en sont de bons exemples. On a même un de nos amputés qui a fait des essais avec un squelette externe. Le témoin est amputé du membre inférieur, à partir du genou, et il a utilisé un exosquelette pour voir comment il pouvait réaliser des tâches typiques d’un militaire avec l’aide de cet outil.

Quel est le message que vous cherchez à faire passer durant votre conférence ?

C’est de montrer que l’on peut faire beaucoup plus en réadaptation que ce que l’on fait actuellement. Quand je regarde ce qui se passe dans nos hôpitaux au Québec, on a un modèle qui est assez traditionnel. On ne fait pas assez de place aux professionnels de la santé. Cela contraste avec celui développé au sein des FAC, où une grande place est accordée entre autres aux physiothérapeutes. Les patients y sont pris en charge plus rapidement, des économies y sont réalisées et le système est globalement plus efficace. Si on le voulait, ce modèle pourrait facilement être exporté dans nos hôpitaux québécois demain matin. C’est essentiellement une question de volonté politique et de changement des structures administratives.

La conférence gratuite « Le physiothérapeute : un professionnel de première ligne qui fait une différence » aura lieu le 23 septembre prochain, à 19 h, au pavillon Ferdinand-Vandry dans le cadre des festivités des 50 ans du département de l’Université Laval.

Auteur / autrice

  • Catherine Fontaine-Lavallée

    Passionnée de sciences, et plus particulièrement de biologie, je viens de terminer ma maîtrise en neurobiologie à l'Université Laval. Avant cela, j'ai fait une licence en physiologie animale et neurosciences à l'Université Montpellier II, en France. Je suis présentement dans le programme de D.E.S.S. en enseignement collégial, un programme logique de par mon intérêt pour la vulgarisation des sciences et le partage des connaissances scientifiques.

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