Ce qui aura été la plus longue campagne électorale du Canada s’achève. Les prévisions finales sont bien loin du portrait dressé en début de campagne ; occurrence d’une féroce compétition dont les résultats semblent actuellement imprévisibles.
Dès les premiers jours de la campagne, les cartes semblaient déjà jouées et les sondages étaient clairs : le NPD ou les conservateurs allaient occuper la place du prochain gouvernement du Canada.
Bryan Breguet, économiste et fondateur de la plateforme d’analyse et prévisions politiques Too Close To Call, annonçait que le Parti conservateur (PCC), le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Parti libéral (PLC), le Bloc québécois (BQ) et le Parti vert (PVC) allaient respectivement emporter 121, 122, 92, 2 et 1 sièges à la Chambre des communes. Aujourd’hui, ses analyses en donnent plutôt 130 aux conservateurs, 115 aux libéraux, 90 aux néo-démocrates, 2 aux bloquistes et 1 aux verts. Rien ne semble toutefois acquis pour les partis dans la course.
« Honnêtement, et peut-être ironiquement, je n’aime pas prédire l’avenir. Le Québec semble assez fou en ce moment avec possiblement une course à 4. Si je devais faire des prédictions pour dans 11 jours, je pense que le NDP va sauver davantage de sièges que ce que certains pensent, car le Bloc restera sous les 20 %. Le PCC va faire des gains, j’en suis pas mal persuadé. La question, c’est vraiment de voir si le PLC peut grimper en première place. On parle beaucoup des électeurs ABC [moyens] se rangeant derrière les libéraux, mais la chute du NPD profite aussi aux conservateurs », indique M. Breguet sur la possible tournure des événements au Québec.
La conjoncture électorale au Québec fait en sorte qu’il est impossible de prédire avec certitude l’issue du vote.
M. Breguet amène une certaine précision à ses prédictions : « Au Québec, le NPD est en chute libre. Il était à 50 %, maintenant possiblement à 25 % ! Le Bloc et le PCC paraissaient en profiter au début, mais le Bloc semble avoir rechuté déjà. Donc le PCC est en hausse (carrément premier dans quelques sondages), tout comme le PLC ». La conjoncture électorale au Québec fait en sorte qu’il est impossible de prédire avec certitude l’issue du vote. D’ailleurs, cette course à quatre est aussi, selon M. Breguet, la raison pour laquelle le Québec n’est plus déterminant dans le choix du grand vainqueur du marathon, puisque « le NPD est hors course ».
De manière assez brève, les enjeux soulignés au courant de la campagne auront été ceux de l’économie, le Canada dans le monde, le visage voilé lors de la cérémonie de citoyenneté et finalement, selon M. Breguet, « le seul enjeu restant est celui du Partenariat transpacifique ». On peut donc s’attendre à ce que l’économie monopolise le discours des différents chefs pour le reste de la campagne.
Pour M. Breguet, sa plus grande déception durant l’élection fédérale est la mauvaise campagne de Thomas Mulcair, en particulier ses performances lors des débats. « Il s’est fait battre par Trudeau à tous les débats, je crois, sauf celui en français de Radio-Canada – que Duceppe a probablement remporté. »
On peut finalement s’attendre, pour les derniers jours de la campagne, à ce que le NPD concentre ses efforts au Québec tout comme le Bloc et à ce que les libéraux centralisent leurs énergies en Ontario. Quant aux conservateurs, ils devraient faire un appel de masse à leur base militante pour le 19 octobre.
Les analyses de M. Breguet sont disponibles à l’adresse www.tooclosetocall.ca.