Photo : Alice Chiche

Jean Leloup comme un volcan

Le Capitole de Québec était bondé d’une foule compacte et éclectique, le 31 au soir. Flamants roses, cowboys, petits papillons : tous n’avaient qu’une seule idée en tête : voir Paradis City, la ville légendaire de tous les rêves débridés, de toutes les aspirations impossibles. Le guide ? John the Wolf. Bienvenue dans le premier volet de sa nouvelle série de concerts : Splendeur et chute de Paradis City, avec Jean Leloup et son orchestre.

Encadré par des nuages de marguerites et illuminé par deux soleils en fond de scène, Leloup est apparu entouré de son band – batterie, clavier, violons, violon alto, violoncelle, contrebasse – sur les premières notes de Le roi se meurt. Rapidement, il a enchaîné plusieurs gros tubes, Isabelle, Le Dôme, Edgar et Paradis perdu au milieu d’une foule électrisée et déjà complètement gagnée.

Photo : Alice Chiche
Photo : Alice Chiche

Ceux qui étaient sceptiques à l’idée du big band ont dû se rendre à l’évidence ; Leloup, chef d’orchestre, a parfaitement su incorporer sa nouvelle palette sonore. L’équipage tient d’ailleurs fort adroitement la route, et lorsque Leloup, fidèle à lui-même, interrompt ses chansons pour raconter des histoires et délirer avant de repartir subitement en mélangeant au passage deux ou trois pièces, le groupe s’adapte et relance la mélodie encore plus fort dans une pluie d’accords et d’effets lumineux.

Et la foule en redemande. Lorsque Leloup lui laisse sa chance, une clameur immense comme une grande vague reprend les paroles. Ce sont des centaines de voix qui chantent Willie, le cœur saisi d’émotion. Au milieu de la frénésie, Jean, en grande forme et tout sourire, s’éclate, grimace et dirige la folie musicale à grands coups de pas de danse et de grosses lignes de guitare.

Leloup, en jouant de toutes ses forces ses plus grands tubes, a bel et bien su transporter ses spectateurs à Paradis City.

Jean Leloup-28
Photo : Alice Chiche

Au cours de la deuxième partie, bien réchauffé, Leloup a envoyé une version extatique et effrénée des Fourmis. 15 minutes de solos de guitare, de violons enflammés, du loup qui hurle à pleine gorge et de la foule complètement démontée, qui tantôt chantait à s’en faire exploser les poumons, tantôt dansait le diable au corps dans un éclairage stroboscopique.

Finalement, après avoir complété le deuxième acte, c’est un Leloup maquillé en clown qui est revenu offrir un généreux double rappel au cours duquel une passerelle pivotante l’a placé en plein milieu de la salle. Là, au sommet de son art, The Wolf a conclu trois heures de spectacle avec une interprétation transcendante de Feuille au vent. Une chanson de plus et le Capitole éclatait sous l’enthousiasme populaire.

Ainsi, s’il faut bien admettre que l’aspect théâtral de la mise en scène a été mis de côté, Leloup, en jouant de toutes ses forces ses plus grands tubes, a bel et bien su transporter ses spectateurs à Paradis City. Dans l’émotion, les rires, la guitare, les chants des gens de tous les âges, l’amour fou de ses fans, dans tout ça, quelque chose commençait à poindre, quelque chose comme la consécration d’une légende vivante de la musique québécoise.

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