Cette semaine, on me pardonnera de ne pas entretenir le lecteur du référendum de la CADEUL, mais ayant décidé de parler d’un sujet intéressant, je me suis donc moi-même fermé cette porte. Il n’est de toute façon pas à douter que d’autres en parleront dans ces mêmes pages, et sans doute beaucoup mieux que je n’aurais su le faire.
Ce jeudi 3 décembre, j’avais passé la journée dans mes livres à investir sur mon capital humain. Il a pourtant bien fallu que je sorte à l’extérieur de mon logis, qui est malheureusement sous le niveau du sol. Grand bien m’en pris ! Elle était enfin là : la première neige. J’avoue qu’aussitôt que j’ai aperçu le tapis blanc qui recouvrait le monde extérieur, j’ai eu la sensation qu’on me retirait un énorme poids des épaules. Comme beaucoup de gens, je vivais très mal cet interminable automne. Un peu comme-ci chaque précipitation de pluie, chaque regard porté à ses arbres vides de feuillent m’opprimait. Décembre était là, pourtant la neige, elle, manquait.
C’est en quittant le Québec pour une année passée au Sud que j’ai pris connaissance d’être une créature du froid. Si beaucoup de mes compatriotes aiment aller se dorer la couenne pendant les mois hivernaux, je crois que rarement j’ai été plus malheureux qu’en passant Noël sous les palmiers (oui, ma vie n’a pas été particulièrement tragique jusqu’à présent).
Mon bonheur, ou plutôt mon triomphe, fut de courte durée puisqu’à peine était-elle tombée que la neige fondait déjà. Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si dans mon âge plus avancé, je n’aurai plus le droit à mes hivers froids et enneigés. Il me semble que si vraiment le climat devait changer à ce point, alors je deviendrai réellement apatride. Pour les éléments plus nationalistes de notre société, le Québec c’est avant tout une langue : le Français. Pour moi, mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’Hiver comme disait l’autre. C’est un climat et je partage une citoyenneté universelle avec tous ceux qui partagent cet amour du Nord.
On le devinera donc, je surveille les évènements de Paris avec beaucoup d’intérêt. Intérêt un peu égoïste je l’avoue, j’ai peur de finir comme un de ces ours polaires qu’on voit parfois dérivant au loin sur une petite plaque de glace.