J’avoue que cette chronique, je la portais en moi depuis longtemps. Pourtant, de semaine en semaine, j’en repoussais la mise à l’écrit. Je ne me sentais pas digne d’en être le messager. Aujourd’hui encore, j’ai un doute, mais j’ai aussi le dos au mur. Donc, je me lance.
Au début de la session passée, je fus comme tout le monde surpris des nouveaux atours de ce cher pavillon dans lequel j’évolue depuis bientôt trois ans : le De Koninck. Pour la première fois, j’empruntai une véritable via romaine sur ce que fut l’ancien rang des Sciences-Humaines. Puis, les images de cratères et d’un interminable chantier qui m’avait pourri la session d’été me revinrent. Je voyais donc le résultat de tous ces sacrifices de mon temps ainsi que de ceux de tous ces autres marcheurs anonymes qui tentaient de se rendre à l’intérieur du De Koninck transformé en véritable forteresse avec douves, mais malheureusement sans pont-levis. J’avoue qu’initialement, j’étais plutôt satisfait du résultat même si l’esthétique des bancs blancs enserrant les arbres me semblait plutôt discutable.
Je confesse avoir ressenti ce même sentiment satisfait, un peu « bebête » quand je me suis lavé les mains pour la première fois dans les nouvelles salles de bain. Certes, j’avais dû longuement chercher pour trouver une toilette pour hommes qui fut achevée. « Mais enfin ne marchandons pas la grandeur! » Voilà qui était d’un style digne de n’importe quel Apple Store, et le tout pour accueillir les moins honorables des activités humaines. L’avenir brillait.
Comme il a bien fallu que j’aille aussi à mes cours pour recevoir mon diplôme, j’ai obtempéré. Si jusqu’à présent, ma session m’avait donné à vivre de beaux moments de satisfaction, je commençais à déchanter lorsque mes profs de langue entamèrent de me quêter des deux piastres par-ci par-là pour les photocopies. Ne portant pas toujours attention à ce que je fais, j’eus une certaine irritation lorsque je réalisai que la moitié de mes cours seraient donnés par correspondance, alors que, dans certains cas, la forme magistrale m’aurait semblé largement préférable.
Ainsi, à une époque où on se gargarise sans cesse de l’excellence de ci ou de cela, il semble qu’on fasse plutôt référence aux décors, infrastructures ou aux performances du Rouge et Or qu’à la qualité des cours qu’on donne. Or, il me semble que la mission première de l’université est d’éduquer, de transmettre la connaissance. Toute chose qui perd son sens devient insignifiante, et ça, aucune victoire d’équipe sportive ou infrastructure ne pourra rien y faire.