De toute ma vie, de moins en moins courte, je n’ai jamais célébré la Saint-Valentin. Loin d’être une rébellion contre les conventions sociales ou la société de consommation de masse, mon absence de célébration s’expliquait plutôt par l’indifférence. D’ailleurs, je ne suis pas seul dans ce cas puisque l’Église catholique a retiré la fête des Valentins (ils étaient trois) du calendrier liturgique en 1969.
Si cette indifférence ne fut pas toujours facile à expliquer à mes partenaires, je ne peux pas dire que j’en ai réellement pâti. Pas plus n’ai-je jamais eu de problème de passer cette « fête » en solo.
Jusqu’à ce 14 février 2016.
En fait, par souci d’honnêteté, je dois préciser que mes doutes sont survenus le 13 février. Bien qu’en public j’affiche une impassibilité digne d’un Anglais du Grand Siècle, dans le privé, je doute. Mais comment aurais-je pu rester dans mes certitudes face au tsunami d’articles-conseils sur comment surmonter sa peine d’avoir à passer seul le jour de la Saint-Valentin? Ou même des articles-conseils, de dernière minute, pour trouver sa Valentine? Je ne suis pas fait en chocolat, mais tout de même!
Assez rapidement dans mon introspection, j’ai renoncé à me rendre dans un bar et de me jeter sur la première venue qui accepterait de devenir ma Valentine. Cette décision étant surtout motivée par le fait que si les kamikazes japonais n’avaient pas vu le lendemain du 7 décembre 1941, moi, j’aurais à vivre le 15 février 2016.
Ayant donc résolu de ne pas tenter de trouver une Valentine de dernière minute, il ne me restait plus qu’à me demander si je devais éprouver de la tristesse, ou pas, face à ma solitude en cette journée fatidique. Mon indifférence me semblait arrogance. Après tout, de quel droit osais-je être indifférent à ce qui semble créer autant d’anxiété auprès de tant de mes contemporains (si je me fie au nombre d’articles sur le sujet)?
Le coup de théâtre allait pourtant venir de Mère Nature elle-même. Elle choisit ce 14 février 2016 pour nous rappeler une vérité qui, si on se fie aux médias autant traditionnels que sociaux, avait échappé à plusieurs. En février, il fait froid! L’attention était détournée de la fête de l’amour. Ayant eu à sortir à l’extérieur, j’ai eu froid tout comme plusieurs milliers de Québécois. Je n’étais plus au ban de mon époque! Fort de cette Humanité commune retrouvée, je me suis senti de nouveau à l’aise avec ma petite différence.