Photo : Hubert Gaudreau

Jean-Martin Aussant pour l’économie sociale au Québec

L’ancien chef d’Option nationale, Jean-Martin Aussant, était de passage sur le campus de l’Université Laval le 18 février dernier, non pas pour parler de souveraineté, mais plutôt pour expliquer les bienfaits de l’économie sociale pour le développement économique du Québec.

M. Aussant, qui est directeur général du chantier de l’économie sociale du Québec, a tenu d’entrée de jeu à exprimer sa volonté de vouloir faire taire certains préjugés défavorables à l’endroit de l’économie sociale.

« C’est presque 10 % de notre PIB, [alors que] des dizaines de milliards viennent de ce pilier-là. C’est loin des préjugés qui associent l’économie sociale au communautaire uniquement […] Pour travailler en économie sociale, on n’est pas obligés de travailler en gougounes et en cuir tressé. »

Il a expliqué que le Québec était un des leaders mondiaux en terme d’économie sociale, bien que beaucoup de travail reste à faire dans ce secteur. Selon lui, le Québec doit maintenir ses efforts, puisque cette forme de développement économique prend de plus en plus sa place à l’échelle mondiale.

« Le FMI, l’OCDE et la Banque mondiale ont justement commencé à dire que le modèle actuel a beaucoup de conséquences et de limites. […] L’an dernier, il a été annoncé officiellement que le fameux 1% dont on parle souvent détient officiellement plus d’actifs que le 99%. […] Le pilier collectif peut venir changer ce modèle-là, car l’économie sociale naît des collectivités, ce qui entraîne la création d’associations qui peuvent régler un problème grâce à des solutions plus solides. »

Il a prouvé ses dires en soulignant que les entreprises de l’économie sociale ont, en général, mieux supporté le coût de la crise économique de 2008, car elles reposaient sur des assises locales.

M. Aussant n’a pas voulu accuser directement le secteur privé des lacunes du modèle économique actuel, mais il a souligné que ce secteur prenait trop de place et qu’il faudra à l’avenir viser l’équilibre entre les paliers public, privé et social de l’économie.

Il a critiqué également le phénomène de la surconsommation qui selon lui nuit à l’économie collective à cause de la désolidarisation des sociétés.

« Dans le modèle actuel il y a beaucoup de surconsommation. On veut toujours le nouveau gadget […] et cette course à la surconsommation mène éventuellement à du surendettement. Qui dit surendettement ne dit pas esprit collectif. Quand on est endetté, on est davantage concentrés à payer nos dettes que de régler les problèmes collectifs », illustre-t-il.

M. Aussant a conclu en affirmant qu’il souhaitait aussi que le gouvernement du Québec évite la privatisation abusive, car celle-ci, d’après son analyse, est une des causes du déséquilibre économique du modèle actuel.

Comme il l’a souligné à de nombreuses reprises durant son allocution, le but de l’économie sociale est justement que chaque secteur économique gère ses propres affaires au lieu de prendre trop de place dans les différents paliers.

Un investissement important

Le gouvernement du Québec a d’ailleurs annoncé un plan d’investissement de 40 millions de dollars sur cinq ans en économie sociale. Même si M. Aussant se réjouit de l’investissement du gouvernement, il met toutefois de l’avant un bémol assez important.

À savoir que même si le chantier de l’économie sociale n’a pas été touché par les compressions budgétaires du gouvernement libéral, certains piliers de l’économie sociale l’ont été. C’est ce qui force le chantier à devoir refaire tout le portrait de l’économie sociale au Québec pour déterminer qui se charge de telles régions ou de tels projets.

Parmi les membres de l’assemblée, il y avait beaucoup de militants politiques souverainistes qui ont manifesté leur joie concernant le retour de Jean-Martin Aussant au Québec. M. Aussant avait quitté le Québec en 2013 pour aller travailler à Londres. Il est revenu en juillet dernier un mois après le décès de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau. Durant les funérailles de ce dernier, il avait justement appelé à la fin des exils géographiques et intellectuels. 

Une pause salutaire

Parmi les membres de l’assemblée, il y avait beaucoup de militants politiques souverainistes qui ont manifesté leur joie concernant le retour de Jean-Martin Aussant au Québec. M. Aussant avait quitté le Québec en 2013 pour aller travailler à Londres, il est revenu en juillet dernier un mois après le décès de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau. Durant les funérailles de ce dernier, il avait justement appelé à la fin des exils géographiques et intellectuels. 

Bien que plusieurs militants souhaitent revoir Jean-Martin Aussant revenir en politique active que ce soit avec le Parti québécois ou bien avec Option nationale, celui-ci n’est pas pressé de la faire. Même s’il n’a pas fait de croix sur un possible retour en politique, il préfère en ce moment se concentrer sur sa famille et sur le chantier de l’économie sociale.

« Je suis très bien dans ma vie en ce moment. J’ai enfin le temps de prendre de vraies vacances avec ma famille. […] J’adore mon travail au chantier, car ça me permet de défendre des sujets qui sont en lien direct avec mes valeurs. […] On n’est pas obligé d’être député ou maire pour faire de la politique et faire avancer le Québec. »

L’évènement a attiré presque 200 personnes et a été organisé par la Coop Zone dans le cadre de la Semaine de la Relève coopérative qui s’est déroulée du 15 au 21 février 2016.

Auteur / autrice

  • Thomas Thivierge

    J'ai fait mon secondaire au Séminaire Marie-Reine du Clergé. J'ai fait mon cégep à Alma en sciences humaines. Depuis 2012, je suis en communication publique avec spécialisation en journalisme à l'Université Laval. J'ai depuis écrit pour les journaux étudiants l'Exemplaire et Impact Campus. Je suis passionné par la politique, l'histoire, le sport et le cinéma en particulier.

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