André Téchiné est un réalisateur qui a acquis ses lettres de noblesse avec une filmographie de haute qualité. Pourtant, Impardonnables n’est pas le meilleur cru qui soit.
Nathan Murray
Pour se consacrer à l’écriture de son nouveau livre, Francis, incarné par un André Dussollier aussi excellent qu’à l’habitude, décide de s’installer à Venise. Il y rencontre Judith (Carole Bouquet, étonnamment crédible), agente immobilière dont il tombe amoureux et avec qui il s’installe sur une charmante île.
La vie du couple sera cependant bouleversée par la disparition de la fille de Francis, que ce dernier fera rechercher par Anna Maria (Adriana Asti), vieille détective dont le fils vient de sortir de prison. S’ensuivent de multiples chassés-croisés entre les personnages, où les drames se nouent et se dénouent, jusqu’au – terne – épilogue.
André Téchiné, récipiendaire de trois Césars pour Les roseaux sauvages en 1995, livre ici un film pour le moins inégal. En adaptant à l’écran le roman éponyme de Philippe Dijan, le réalisateur français ne s’éloigne pas du romantisme qui marque la majeure partie de son œuvre. Il y a cependant un petit quelque chose d’inachevé dans ce drame qui ne parvient jamais vraiment à emporter le spectateur. La relation qui unit Judith et Francis, bien qu’elle donne parfois lieu à de belles envolées et à quelques moments forts en émotions, ne parvient pas à donner un souffle suffisant à l’histoire. Et il ne faut surtout pas, pour pallier à ce manque, compter sur la disparition de la fille de l’écrivain : c’est bien là que le film touche le plus au vide, tant cette partie de l’intrigue n’apporte strictement rien à l’ensemble. Il s’agit, tout au plus, d’un prétexte pouvant justifier les problèmes que traverse le couple Dussollier-Bouquet.
Néanmoins, Impardonnables possède de grandes qualités. Si, parfois, le film s’éparpille un peu, il contient quelques moments lumineux, comme cette scène de mariage, traditionnelle et pourtant touchante. La portion de l’intrigue qui gravite autour de la détective déclinante et de son fils constitue aussi un des éléments intéressants de ce drame, lui donnant un peu de tonus et de force. Finalement, les magnifiques images de Venise, qui donnent vie et vérité à cette Italie de romance et de misère, justifient à elles seules le déplacement au cinéma. Et puis, après tout, si on n’est pas emporté par Impardonnables, on se laisse bercer avec un certain plaisir par son univers, tout compte fait tellement français !
Quoi ? Impardonnables
Qui ? Réalisation : André Téchiné
Où ? Cinéma Le Clap