Alliance entre photographie et linguistique

Photo: Dominique Talbot

«Ça faisait trois ans et demi  que je pensais à ce défi. J’ai vraiment fait ça pour me faire plaisir, lance Stéphane Lalonde, qui a d’ailleurs reçu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec pour mener à terme son projet. Je voulais faire un projet sur la linguistique, avec des enfants sourds, mais comment représenter ça en photo?».

C’est finalement par une exposition en noir et blanc de dix diptyques, des photographies doubles, qui mettent en scène l’acquisition et la représentation du langage oral chez les enfants vivant avec une surdité profonde et ayant reçu, pour remédier à la situation, un implant cochléaire, qu’a abouti Passage.

Mais pourquoi des diptyques? «J’ai voulu tout simplement créer deux images reliées par un élément rassembleur, explique l’artiste, qui se questionne depuis longtemps sur la notion du «cadre».  Nous avons deux images avec leur propre cadre physique qui peuvent être vues de façon indépendante. Toutefois, on passe aisément d’une image à l’autre, tout en perdant les cadres de chacune. Ce passage d’une image à l’autre se fait grâce à l’élément faisant le pont entre les deux images: l’implant cochléaire, les schémas cognitifs ou les personnages».

Un double public
Une exposition qui séduira les amateurs de photographie, certes, mais qui ne laissera certainement pas indifférents les étudiants en sciences du langage. «Je voulais faire plus que d’illustrer des schémas cognitifs, précise l’étudiant, qui travaille depuis un an sur son projet. J’ai étudié la photographie et je voulais quelque chose d’artistique».

Stéphane Lalonde compte d’ailleurs sur les réactions de ces deux publics pour alimenter son projet, qu’il considère être en construction. «Passage n’est pas un travail final, confie-t-il. J’ai l’intention de prendre les commentaires des professeurs d’orthophonie, des étudiants en arts visuels, etc., pour alimenter le projet et revenir, plus tard, avec quelque chose d’autre».

Depuis sa première exposition, en 2002, à l’espace F de Matane, Stéphane Lalonde tente de produire une œuvre par année. Il a participé, en 2005, à Regards Croisés, une exposition de photographies présentée au Musée de la Civilisation, à Québec, ainsi qu’à La Casa de la Cultura de Guanajuato, au Mexique. «Un artiste photographe du Mexique est venu ici, et moi, je suis allé là-bas, affirme Stéphane Lalonde. On devait prendre des photographies de n’importe quoi dans la ville de l’autre. Ça pouvait être une pierre, de la boue… ».

Passage est sa troisième et plus récente exposition, présentée à la Galerie des arts visuels du pavillon Desjardins, jusqu’au 26 septembre. Le vernissage aura lieu le 18 septembre, à 17h, en présence de l’artiste.

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