Le gouvernement du Québec a exigé une baisse de 5 % du budget de l’ensemble des départements de l’Université Laval en mai 2015. La décision de la Faculté des études supérieures et postdoctorales (FESP) d’appliquer cette diminution au montant alloué à la représentation des examinateurs externes lors des soutenances de thèses, passant de 950 $ à 150 $, a été froidement accueillie par les doctorants.
La responsable de la campagne d’information et de mobilisation intitulée Dénonçons les soutenances à rabais! sur le campus de l’Université Laval, Maryliz Racine, insiste sur le fait que cette mesure a de véritables conséquences dans le quotidien des étudiants.
« Ce qu’ils disent, en somme, c’est qu’ils n’ont pas effectué des coupes budgétaires, mais qu’ils ont réajusté le montant alloué à la représentation des examinateurs externes dans la mesure où, maintenant, on privilégie la visioconférence », explique l’étudiante au doctorat en histoire quant à la décision de la FESP.
En désaccord avec cette position, le comité de mobilisation a créé une pétition pour que ceux qui le souhaitent puissent se positionner sur la question des soutenances de thèses.
À propos de la visioconférence
En prenant exemple sur l’Université McGill à Montréal, l’Université Laval fera appel au système de la visioconférence pour établir une communication entre les examinateurs externes et la salle où a lieu la soutenance de thèses.
Les examinateurs externes sont des experts dans le domaine de soutenance des étudiants. Bien souvent, il faut aller les chercher à l’étranger pour avoir accès à leur expertise sur un sujet particulier, qui est évidemment choisi par le doctorant.
« La visioconférence nécessite très peu de frais et ces frais de 150 $ sont en fait reversés à l’Université Laval même pour la location des équipements audiovisuels qui va servir à établir la communication », explique Maryliz Racine.
Elle « trouve absolument incohérent que l’on soit incapable de faire venir des experts du domaine alors que des étudiants passent des années et des années à mener des recherches pour qu’elles soient évaluées ».
Cette compression budgétaire a été mise en place dès le mois de juin 2015 et, jusqu’à présent, aucune soutenance n’a été retardée, selon les informations connues par Maryliz Racine. Elle soutient tout de même que ces nouvelles mesures suscitent un mécontentement auprès des doctorants.
Des contraintes majeures
La responsable de la campagne indique que cette nouvelle plateforme technologique apporte son lot de contraintes, et ce, autant pour les étudiants que pour les professeurs, les examinateurs externes et même l’Université Laval.
« À nos yeux, ces coupes peuvent avoir des impacts réels. On a qu’à parler de la visibilité internationale de l’Université Laval. Avoir des experts de la recherche à même l’université, ça a un autre impact sur la visibilité que de faire des visioconférences à distance », exprime Maryliz Racine.
Celle-ci indique également que la qualité des soutenances de thèses lui est quelque chose de fondamental dans le processus d’études d’un doctorant. Faire sa présentation devant un jury professionnel et des experts, souvent réputés mondialement, permet de peaufiner sa thèse plus efficacement et de se créer un réseau professionnel. Le tout pour exploiter le mieux possible les ressources que ces experts amènent physiquement avec eux.
Les visioconférences ont également des délais stricts. La soutenance doit se dérouler rapidement, car des temps limités d’intervention doivent être respectés. Les étudiants sont de plus en plus nombreux réticents à participer à ces visioconférences en raison de la fiabilité du système mis en place, du décalage horaire, mais également de l’aspect humain manquant.
Autres dossiers à traiter
Le groupe de mobilisation présent focalise toutes ses énergies sur la question des soutenances et de la réduction du remboursement des examinateurs externes. La question est centrale, selon Maryliz Racine, et a un impact réel sur tous les doctorants.
En général, les associations étudiantes facultaires sont plus sensibilisées aux problématiques touchant les doctorants de leur domaine. Maryliz explique qu’en histoire, par exemple, « il y a beaucoup d’étudiants qui font du terrain à l’étranger, ce qui fait que l’une des problématiques de ce doctorat, c’est le financement des séjours archivistiques à l’extérieur ».
Maryliz Racine et Hadjer Remili ont toutes deux été mandatées par le comité de programme des deuxième et troisième cycles du département des sciences historiques pour faire connaître cette nouvelle mesure, instaurée depuis plus d’un an auprès de la communauté étudiante.
Pour signer la pétition, cliquez ici.