Le pacte des anges: tout en contraste

Un huit clos en mouvement, un suspense pourtant très touchant, le film québécois Le pacte des anges ne cesse d’étonner et d’intriguer le spectateur qui suit le récit de trois hommes de générations différentes pris dans une fuite sans issue.

La vie d’Adrien (Marc Messier) est transformée alors qu’il se retrouve par hasard témoin d’un crime commis par deux jeunes frères. Pris en otage par ces derniers, il est entraîné dans un long périple qui les mènera tous trois de Québec jusque dans les montagnes de la Haute-Gaspésie.

Richard Angers, le scénariste et réalisateur du film à qui l’on doit, entre autres, deux épisodes de la série La chambre numéro 13 et le documentaire Les accros de l’anachronisme, aborde dans ce premier long métrage de fiction les liens complexes qui unissent et déchirent les familles et ceux qui peuvent se créer entre des inconnus devant les mauvais tours que joue parfois le destin.

Au fil du récit, les moments de complicité et d’échanges entre les personnages sont brefs puisqu’ils sont inéluctablement ramenés à la brutale réalité de leur situation. Ces passages où le spectateur arrive à libérer un peu de la tension qu’inspire le film sont également amenés par les images saisissantes de la mer et des montagnes de la Gaspésie, lieu de tournage que le réalisateur a choisi justement dans ce but. « Je voulais faire un film en contraste. Ce que je trouvais intéressant là-dedans, c’était d’utiliser le paradoxe, explique Richard Angers. Quand il y a de la tension, les personnes sont prises ensemble dans des lieux fermés alors que quand ils sont dans la nature, dans une nature démesurée, tout à coup l’espace de communication se crée. Les êtres humains peuvent se livrer. »

Fragile fraternité

Le contraste est bien visible dans la façon qu’ont chacun des deux frères d’aborder leur situation de criminel en cavale. Cédric, 18 ans, qu’incarne Émile Scheider avec beaucoup de sincérité, est bouillant, souvent porté à la violence. Il a du mal à se maîtriser, même face à son frère de quatre ans son cadet, William (Lenni-Kim Lalande), dont l’énergie est beaucoup plus positive, voire candide.

Pour Émile Schneider, « la violence n’est pas gratuite dans le film. La rage [de Cédric] vient du besoin de protéger son petit frère ». À mesure que se déroule l’intrigue, Adrien, lui-même empêtré dans une violence contenue face à l’injustice de certains deuils, réalise que c’est plutôt le grand qui a besoin du petit, visiblement beaucoup mieux équipé pour faire face à la vie.

Si les rapports entre les membres de l’improbable trio oscillent entre brutalité et solidarité tout au long du film, il n’en a heureusement pas été ainsi pour l’équipe du tournage dont l’expérience semble avoir été des plus agréable. Lenni-Kim Lalande se considère privilégié d’avoir été si bien entouré pour cette première expérience au grand écran et retrouvait ses comparses avec bonheur pour la tournée de promotion entourant sa sortie le 4 novembre dernier. « Tout le monde ensemble, pendant les 27 jours de tournage, c’était comme une deuxième famille pour moi. »

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