David Rémillard
Quelque soit le résultat du bras de fer entre les étudiants opposés à la hausse de 1625$ des droits de scolarité et le gouvernement de Jean Charest, on peut dire mission accomplie.
Pourquoi ? Parce qu’on est en train d’avoir un vrai débat de société. Qu’on soit pour ou contre une grève, force est d’admettre que toute cette pression exercée par les mouvements étudiants a forcé la main des indécis. La fameuse majorité silencieuse qui, en temps normal n’aurait pas à se prononcer sur une telle question, n’a plus le choix et doit prendre position. Les « j’aime pas ça » et « je m’en sacre de la politique » doivent adhérer à une idée et s’investir dans le débat.
Et, heureusement, la pression ne vient pas que des grévistes. Par risque de voir leurs cours annulés, et non remboursés, – après trois semaines de circonstances anormales – les étudiants pour la hausse paniquent, et se mettent à se regrouper. Ils exhortent le gouvernement de réagir rapidement. . Quel bonheur que de voir autant de personnes sortir la tête du sable et adhérer à l’une ou l’autre des positions. Et mieux encore, on voit que les avis sont partagés. Génial.
Arielle Grenier à Tout le monde en parle
Je ne comprends pas. Qu’on soit pour ou contre la hausse, on ne peut que donner la victoire à Gabriel Nadeau-Dubois. Meilleur orateur, meilleure confiance, meilleure connaissance de ses dossiers et j’en passe. Comment se fait-il qu’un regroupement de plus de 3 000 étudiants (Le mouvement des étudiants socialement responsables) n’ait pas déterminé un porte-parole plus solide ?
C’est franchement désolant pour le camp pour la hausse, et une vraie victoire pour le camp contre. Sur une plate-forme aussi important que Tout le monde en parle, il fallait être convaincant et surtout, préparé. Sur une tribune de plus d’un million de téléspectateurs, on est en droit de s’attendre à un débat équilibré, avec deux réels représentants. Dans l’intérêt du public qui ne demande qu’à se faire une opinion et dans l’intérêt des étudiants pour la hausse, il aurait fallu trouver un meilleur représentant, et ce même s’il est affilié au Parti libéral du Québec. Bref, c’était plus qu’un faux pas, la pauvre Arielle s’est carrément virée une cheville.
L’intimidation
L’intimidation que subit des leaders d’associations étudiantes pour ou contre la grève n’est pas anormale. À chaque mouvement de contestation, c’est le genre d’incident qui se produit. Je ne dis pas que je cautionne ce genre de pratique, mais avant qu’elle ne devienne à la mode dans les médias, l’intimidation faisait déjà partie des pratiques courantes des luttes syndicales et étudiantes. Mais n’allez pas croire que les têtes rouleront réellement et qu’on verra des enlèvements.
Comme au hockey
Y’a pas que dans le monde du sport qu’une personne peut croire dur comme fer à la victoire. Certains militants, à l’heure où on se parle, dans les deux camps, sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Et tous les coups sont permis. Alors ne croyez pas que nous verrons une lutte dans le grand respect. L’éthique va parfois prendre le bord, et c’est encore une fois, je crois, normal dans les circonstances. C’est dommage, je sais, mais c’est comme ça. Attendez-vous donc à voir quelques coups de bâtons derrière les jambes, des six pouces dans les côtes, et les deux camps sortirent leurs goons. Certains passeront peut-être quelques minutes au cachot, et les arbitres prendront parfois de mauvaises décisions.
Chose certaine, la danse du printemps s’annonce serrée.