Même si c’est du Québec qu’est parti l’élan de manifestation contre les coupes du gouvernement fédéral, le mouvement a rapidement gagné les autres provinces. La présence des ministres de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve, du Yukon et du Nunavut à la réunion l’a d’ailleurs confirmé.
L’avis des ministres
Les ministres ont d’abord exprimé leur désaccord relativement à l’annonce du gouvernement du Canada de réduire ou d’abolir son apport à plusieurs initiatives essentielles pour développer et maintenir le secteur culturel au pays. Ce sont quinze programmes qui seront abolis ou singulièrement affaiblis dans les prochains mois, ce qui permettra au gouvernement fédéral d’économiser environ 45 M$ dans la foulée.
Les voix des ministres se sont également jointes pour demander instamment au gouvernement fédéral de «renverser sa décision de réduire les investissements dans des programmes culturels importants», ainsi que de «travailler avec les provinces et les territoires à des solutions pour soutenir le développement culturel dans l’ensemble du Canada» et de «convoquer une réunion fédérale-provinciale-territoriale spéciale pour discuter de ce sujet le plus rapidement possible à la suite des élections fédérales».
D’après une étude du Conference Board du Canada, le secteur culturel profite à plus de 1,1 M$ de travailleurs et engendre des profits annuels directs et indirects de 86,4 G$, soit 7,4% du PIB réel du Canada. Les ministres ont donc tenu à souligner que «la culture n’est pas une dépense, mais un investissement qui se traduit par d’importantes retombées autant économiques que sociales.» Interrogée, la ministre St-Pierre a rappelé qu’au Québec, la culture emploie environ 175 000 travailleurs, soit 3% de la population active. Elle estime que «le Québec n’a pas à pallier les coupes du gouvernement fédéral, offrant déjà un apport croissant de 25% depuis 2003 dans l’aide versée aux artistes d’ici».
L’origine de ces coupes remonte au 1er avril, soit il y a six mois. Le gouvernement se fonde alors sur le projet de loi C-10 pour couper dans certains programmes d’aide aux artistes. À ce moment-là, la décision ne crée que quelques remous. Mais entre le 8 et le 15 août dernier, sept programmes d’importance, dont Prom’art et les Routes Commerciales, subissent des coupes totalisant quelque 23 M$.
Les associations étudiantes réagissent
L’inquiétude occasionnée par l’instabilité de la situation atteint également les artistes en milieu universitaire. Des associations étudiantes commencent à se mobiliser et à prendre position dans le débat. La CADEUL a exprimé sa volonté de voir le gouvernement fédéral opérer un rétablissement intégral dans l’apport financier. De son côté, l’ Association générale des étudiants et étudiantes en théâtre de l’Université Laval (AGÉÉTUL) a tenu une assemblée générale extraordinaire pour débattre du sujet mercredi passé. Simon Éthier, président de l’association, a déclaré que «l’AGÉÉTUL appuie l’Union des Artistes, qui demande que 1% du budget fédéral aille à la culture». La CADEUL abonde dans le
même sens.
Une manifestation prévue
Pour contester les décisions du fédéral, une manifestation aura lieu le 5 octobre en face du Grand Théâtre. Elle sera organisée par L’Association générale des étudiantes en musique de l’Université Laval (AGÉMUL), l’AGÉÉTUL, l’association des Étudiants en arts visuels et la CADEUL. Simon Bérubé, président de la CADEUL, espère «que bien d’autres étudiants et associations se joindront à l’événement.»