Fortement critiqué par les quatre autres chefs sur le laissez-faire économique qu’il prône, qui est comparé à la politique catastrophique de Bush, Stephen Harper a joué la carte de la division. Pendant que Dion, Layton, Duceppe et May se battaient pour prouver qui était le meilleur pour critiquer la politique conservatrice, Harper tentait de rassurer les Canadiens. L’absence de vision pour le futur économique du Canada est peut-être critiquable, mais dans les faits, les conservateurs n’ont pas tout à fait tort. Il n’y a pas de crise en vue de notre côté de la frontière.
La plateforme économique conservatrice est simple; le moins d’État possible dans l’économie. Les récentes coupes en culture allaient dans ce sens tout autant que les baisses d’impôts et les baisses de taxes des dernières années. Le modèle Harper prône un certain laissez-aller, mais est tout de même loin d’une politique de déréglementation à l’américaine. Le scénario catastrophe et la campagne de peur menée par les partis d’opposition est sans fondement.
Le marché immobilier canadien a ralenti un peu cette année, mais l’industrie est encore forte. Après avoir doublé entre 2004 et 2006, le marché de la construction revient à un rythme normal selon le Canadian Industrial Outlook. Selon ce même organisme, nous nous dirigeons vers un marché favorable aux acheteurs. Il n’y a pas non plus de crise de prêts hypothécaires en vue. La loi canadienne oblige les acheteurs à prendre une assurance si la mise de fonds est inférieure à 20 %. Le système canadien est bâti de telle sorte que même dans le cas d’un fort ralentissement économique, une crise à l’américaine est difficilement concevable.
La crise du crédit hypothécaire aura coûté environ 12 G$ aux banques canadiennes, mais cette perte est inférieure aux profits annuels. Notre système financier est en santé, car le ratio d’actifs propres est bien supérieur à celui des banques américaines et européennes selon Mark Carney, le gouverneur de la banque du Canada. La situation pourrait même profiter à nos banques qui projettent de racheter certaines institutions américaines à bas prix. Même constat pour les assureurs canadiens. Selon plusieurs analystes, ils pourraient profiter de la crise pour mettre la main sur des rivaux américains.
Le marché de l’emploi a, lui aussi, ralenti. Malgré tout, l’économie canadienne a créé 87 000 nouveaux emplois depuis le début de l’année. Même le secteur manufacturier est encore en hausse avec une croissance modeste de 0,7 % par mois. La récente diminution du dollar canadien pourrait même relancer partiellement l’industrie, en lui redonnant un certain avantage compétitif.
Le modèle conservateur n’est pas toxique pour notre économie comme le dit le chef du Parti libéral. Par contre, il ne prépare pas l’avenir. Notre situation privilégiée permettrait de prendre certaines mesures, notamment en éducation et en environnement, qui donnerait un avantage à long terme au Canada. L’absence d’innovations semble être typique de la philosophie conservatrice.