Toujours en quête de conditions optimales, l’humain se déplace. Ces migrations lui permettent parfois de survivre. «Toute l’histoire de l’humanité est influencée par la migration de groupes ethniques », indique Dr. Dorin Lozovanu, chercheur au Musée national d’ethnographie et d’histoire naturelle de Moldavie.
Dorin Lozovanu était en visite à l’Université, dans le cadre de la première de la série des conférences publiques des Fonds François-et-Rachel-Routhier de la Faculté de théologie et sciences religieuses. Il a ainsi lancé le bal, le 1er février, dernier avec une présentation intitulée, Groupes ethniques : valeurs, identités et relations interpersonnelles des immigrés.
Selon ce qu’il explique, la migration peut être volontaire ou forcée, par déportation ou exil. Elle peut aussi être circonstancielle, causée par des guerres, des conflits et des catastrophes naturelles. «Les migrations forcées pour des raisons ethniques ont été pratiqués depuis longtemps », précise Dorin Lozovanu. Il donne en exemple l’expulsion et le nettoyage ethnologique des Arméniens de Turquie et des Assyriens d’Irak.
Migrer est ainsi souvent une question de survie, mais aussi d’épanouissement et de développement. « Les principales raisons de la migration sont socio-économiques », certifie le chercheur.
Selon M. Lozovanu, les critères de choix d’une région pour la migration sont toutefois au-delà du bien-être socio-économique. Ils impliquent aussi un confort linguistique et culturel. C’est pourquoi beaucoup se dirigent vers les pays qui les avaient jadis colonisés.
Au départ, souvent, les migrants n’ont qu’en intention d’entreprendre une migration temporaire. « L’adaptation aux nouvelles conditions de vie et le manque de perspective de développement dans le pays d’origine peuvent leur faire changer d’idée », souligne le chercheur.
Intégration et adaptation
« La diversité ethnique est normale, elle fait parti du processus de l’intégration », déclare M. Lozovanu. À l’opposé, la ghettorisation crée des problèmes de stéréotypes et d’interactions. Ceci accentue l’ignorance, le plus grand ennemi de l’intégration, selon le chercheur.
Parfois, tel qu’il l’indique, de nouvelles communautés ethniques finissent par se former à la suite des migrations. Elles se détachent peu à peu de ceux qui sont restés dans leurs régions d’origine. « Les valeurs traditionnelles sont souvent remplacées avec le temps par les valeurs du pays d’accueil », précise M. Lozovanu.
Les pays d’accueil se voient aussi quelque peu transformés par l’arrivée des migrants. « Par exemple, les aspects culinaires ont conduit à l’émergence de divers plats, comme les döner kebab à Berlin », révèle le chercheur.
Pourquoi se différencier?
Plusieurs facteurs contribuent à la différenciation des groupes ethniques, telles que la politique, la religion, la culture ou la physiologie. « Le plus important c’est souvent la langue », remarque M. Lozovanu.
La psychologie vient aussi jouer un rôle majeur dans la différenciation. « Il y a existence d’une identité commune assumée », explique M. Lozovanu. Cette identité peut aussi être renforcée par un terme commun pour se décrire, un ethnonyme. Ceci leur permet de se distinguer par rapport à ceux qui les entourent géographiquement, selon le professeur.
En temps normal, il affirme que les spécificités ethniques devraient plutôt être perçues comme secondaires. C’est surtout lorsqu’il y a des problèmes sous jacent au niveau socio-économique ou politique que les conflits interethniques se présentent. « Quand il y a des problèmes, c’est là que les spécificités et les différences sont instrumentalisées », soutient M. Lozovanu.
La conférence du chercheur permet de mieux comprendre les dérives identitaires. Il insiste sur le fait qu’il n’y a pas d’ethnie supérieure, comme essaient de faire croire l’ethnocentrisme et le patriotisme.
Il faut s’ouvrir aux nouvelles valeurs et cultures. « La migration est normale, elle a toujours suivi l’humanité », conclut M. Lozobanu, rappelant que l’Amérique est grandement un continent de migrants.