Doigt d’honneur en rayons X

Dans un peu moins d’un mois, on saura qui de John McCain ou de Barack Obama succédera à George W. Bush. Si la tendance se maintient, Sarah «je vois la Russie de ma fenêtre donc je m’y connais en politique étrangère» Palin ne devrait pas récupérer le bureau de Dick Cheney. Mais ne vendons pas la peau de la hockey mom de l’Alaska avant les élections du 4 novembre.

On ne sait jamais. Peut-être certains électeurs ont été convaincus par ses réponses au débat de la semaine dernière, où elle n’a cessé d’invoquer son expérience de mairesse de Wasilla, une petite ville de 9000 habitants perdue en Alaska. Ça ferait rire si ce n’était si tragique.

Il y a tant d’enjeux majeurs pour ces élections américaines qu’on ne sait trop par où commencer: la crise financière, la politique étrangère, la santé, les guerres en Irak et en Afghanistan… Peut-être moins déterminant pour l’avenir du monde, il y a tout de même encore l’obsession américaine pour la sécurité depuis le 11 septembre.

Cette obsession, on ne la sent jamais autant que dans les aéroports. C’est elle qui nous fait enlever nos chaussures et notre ceinture. C’est elle qui nous empêche de voyager avec une bouteille d’eau. C’est aussi elle qui a fait enlever à un préposé une boîte d’allumettes qui était dans ma valise, au cas où j’aurais entraîné des souris à l’ouvrir, arracher une allumette avec leurs petites dents, la frotter en la tenant dans leurs petites pattes et mettre le feu à mes caleçons dans la soute.

Cette psychose de la sécurité, l’artiste Evan Roth en a eu marre. Il a donc décidé de se jouer des machines à rayons X de la Transportation Security Administration (TSA) en prenant des plaques de métal qu’il grave et qu’il place ensuite dans son bagage à main.

Il a, par exemple, une plaque sur laquelle est gravée la silhouette d’un exacto, sur une autre, un doigt d’honneur, une autre encore montre un drapeau américain. Il grave aussi des phrases: «Nothing to see here» (Rien à voir ici) ou encore «What do you think?» (Qu’est-ce que tu en penses?).

Selon ses propres dires, Evan Roth a pour l’instant utilisé ses plaques trois fois, sans se faire particulièrement ennuyer. Il ne pense pas non plus que ce soit illégal. «J’ai lu la liste des éléments interdits à bord de la TSA, et quoiqu’un pot de yaourt de quatre onces puisse être problématique, mes plaques ne sont pour l’instant pas sur la liste.» Et l’artiste de conclure:  «Je considérerai toutefois comme un couronnement artistique le fait que mes plaques soient rajoutées à la liste».

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