La troupe de danse contemporaine de l’Université Laval, Gestuel, a présenté son spectacle Métamorphoses à la Salle Multi du complexe Méduse les 6 et 7 avril derniers.
« Chaos coordonné de tiraillements élancés, d’extases sentimentales articulées, de rêveries lucides mouvementées, d’évolutions charnières partagées, de rencontres éphémères entre corps messagers.
Noirceur. Inspiration. Élan. Mouvements. Lumières. »
Telles étaient les émotions que Gestuel a inspiré aux spectateurs lors des représentations. Divisés en plusieurs groupes, les danseurs ont performé plusieurs petits spectacles thématiques : les groupes se mélangeaient selon les performances, parfois ce n’était qu’un duo, parfois un solo. Mais il n’y avait pas que de la danse : plusieurs formes d’art ont été utilisées. Chaque performance était accompagnée d’un titre et d’un court texte poétique, projetés sur l’écran qui surplombait la scène. Deux performances cinématographiques ont été également projetées : la première illustrait la sensualité et combinait danse et dessin. Les danseuses jouaient sur un sol de papiers, des fusains à la main. La deuxième se passait à l’extérieur, dans un espace urbain. Il n’y avait qu’une seule danseuse, qui était aussi présente sur la scène au moment de la projection. Métamorphoses, un spectacle multidisciplinaire avec sa chorégraphie, sa mise en scène cinématographique, son art et sa musique. Chaque performance était accompagnée par cette dernière : du pop contemporain, de l’indie, parfois de l’instrumental épique ou apaisant.
Des thématiques autour de la métamorphose
À chaque performance était associé un titre tel que « sensualité » ou « anxiété », évoquant l’émotion qui accompagne la danse. Le thème de l’anxiété est apparu plusieurs fois dans la représentation, une anxiété liée au fait de courir dans un quotidien affolant sans lever la tête, de se sentir emprisonner, de suffoquer dès que l’on se laisse prendre conscience de ce qu’il se passe. L’une des performances, entièrement dédiée à cette condition, débouche sur un ralentissement total du rythme avec une musique apaisante et une chorégraphie beaucoup plus douce, axée sur la respiration comme on le verrait au yoga. D’autres thèmes comme le genre ont été évoqués, avec des danseurs qui jouaient sur l’androgynie avec leurs costumes : plusieurs vêtements étaient étalés au sol, mais les hommes et les femmes ne semblaient plus savoir à quoi servait un soutien-gorge ou un boxer, et ça n’avait pas d’importance. Cette année, la troupe de danse Gang de Roue s’est aussi jointe à Gestuel pour son spectacle. Gang de Roue, uniquement formée par des danseurs en fauteuil roulant, a performé un tango tout à fait splendide, avec de l’humour et surtout beaucoup d’amour pour leur passion.
La danse comme une libération
Au début du spectacle, le directeur artistique de cette année, Alexandre Pineault, a évoqué le fait que souvent, dans les spectacles de danse contemporaine, les danseurs se mettaient nus. Or il a précisé que dans Métamorphoses, les danseurs ne se mettraient pas nus, mais à nu. En ce sens que la danse leur avaient permis de se dévoiler, d’être eux au sens propre. Chaque performance, chaque mouvement teinté d’improvisation portait une émotion pure et authentique. Ce fut donc la métamorphose d’hommes et de femmes qui grandissent tous les jours à travers des émotions, des sentiments comme l’amour, le rejet, la féminité ou la masculinité, la peur, la détermination ; tout ce qui constitue une vie et qui vaut la peine que l’on s’y attarde.