Depuis la sortie de son EP, et encore plus depuis la récente sortie du long jeu Premier Juin, Lydia Képinski s’est retrouvée au centre d’un étourdissant maelstrom médiatique, mais aussi d’une appréciation sincère et grandissante du public. En prévision de son passage au Show de la Rentrée, le 12 septembre prochain, Impact Campus s’est gâté une courte entrevue avec l’artiste au franc-parler hors du commun.
Maintenant que la poussière commence à retomber après Premier Juin, tu en es où?
Ça va vraiment bien, la sortie était juste en début juin – le premier, pour être précise -, et j’ai déjà intégré une espèce de cadre. Je trouve ça drôle, on m’invite dans «des affaires» professionnelles, des entrevues, des émissions. Je ne sais pas si je peux encore dire que je suis une artiste underground. Je ne pensais pas sauter si vite la clôture. En même temps, l’album est pop, c’est normal j’imagine, c’est quand même fait pour plaire au plus de gens possible. Surtout en spectacle, ça change tout. Quand tu vas voir un show d’artiste que tu connais pas, tu passes le show à décider si tu aimes ça ou non. Maintenant, le public est «convaincu», vient me voir par intérêt et chante les paroles.
Tu travailles autour d’un monde underground assez actif (Chivi chivi, Bonsound, etc.). Est-ce qu’on voit l’arrivée d’une nouvelle garde?
Je ne crois pas qu’il y ait de nouvelle industrie. Des agitateurs, plutôt. Hubert Lenoir, par exemple, c’est pas le fruit d’une industrie. Dans le sens qu’il n’a pas essentiellement changé quoi que ce soit. Il y a plus une gang d’artistes qui luttent contre la structure de béton qui ne veut pas changer, contre le système de subventions du gouvernement qui régit tout. Les gens en place n’ont pas envie de laisser leur place. Par derrière, plein de gens veulent changer, même dans des vieilles institutions, entre autres à Radio-Canada. Mais quelqu’un en haut de la tour pense que Monsieur-Madame Tout-Le-Monde ne saura pas apprécier.
Est-ce que tu trouves que les jeunes artistes auront, eux, les moyens, les capacités de faire face aux changements des habitudes musicales qu’on voit arriver (streaming, chute de l’industrie du disque)?
Si on pense au streaming, c’est une idée de génie. Avant la personne payait 20$ et ça s’y arrêtait. Maintenant chaque écoute peut générer un profit, c’est super puissant. Là où ça fuck, c’est quand les gouvernements sont trop pissous pour aller voir les compagnies de technologie pour leur demander de payer leur juste part. Pour Uber, Spotify, Netflix, c’est pas vrai qu’une lettre signée va faire changer les pratiques. Ça prend un courage politique que les gouvernements libéraux n’ont pas eu. L’internet change trop vite pour que le gouvernement puisse suivre de toute façon. Ça fait des commissions parlementaires, Mélanie Joly se fait montrer la porte et rien change.
On parle beaucoup de représentativité récemment dans le monde de la musique. Tu joues sur un line up féminin au Show de la Rentrée, trouves-tu que c’est un pas dans la bonne direction?
Je ne sais pas à quel point c’est ce qui me plait le plus. Par exemple, Lydia Képinski, c’est pas un band de filles, j’ai des gars comme backing band . Je préfère intégrer les filles dans un milieu où on a dénoté que oui, clairement, il y a une différence majeure de représentativité. Je suis pas certaine que de créer des événements parallèles, c’est la chose la plus intéressante.
Tu fais un spectacle au célèbre Cinéma l’Amour à Montréal, intitulé Sadenight. Il va y avoir quoi de différent? Comment tu vois la sexualité dans ta musique? On va en voir un peu à Québec?
Pour moi, c’est inhérent au spectacle, en général, le lien au corps. De se déplacer pour aller voir un spectacle, versus écouter un album, c’est fondamentalement une expérience corporelle. C’est vivre la musique à travers le corps. Dans cette mesure-là, c’est important d’incarner les chansons, qui parlent souvent de sensualité, sur scène. Pour le show, on encourage à vivre la sexualité de plein de manières: en frenchant, en cruisant, n’importe quelle forme d’activité, offrir un verre. On veut faire ça comme chanter autour d’un feu. D’une manière, plus civilisée, plus raffinée, on veut danser, chanter, et peut-être finir la soirée en sensualité et en intimité.
On profite de Québec, pour faire un peu de rodage, l’ordre des chansons, certaines interprétations. À Montréal, on va avoir des projections, des caméras live, tout un concept. Ça sera une soirée unique, mais en même temps toutes les soirées sont uniques, que ce soit par le lieu, la foule, les interactions l’improvisation, etc.
Tu as gagné les Francouvertes l’an passé. Qui va gagner les prochaines?
Je vote pour Valérie Poulin (https://valeriepoulin.bandcamp.com/releases). Elle a manqué de peu la date d’inscription l’an passé et peut-être que de la mentionner dans un article, ça va la pousser à ne pas la manquer cette année!