Les rencontres internationales de la fin de semaine auront confirmé la tangente prise par le gouvernement américain au courant de l’été; les pouvoirs publics doivent intervenir. Bien qu’aucun plan d’action coordonné n’ait été mis de l’avant lors de la rencontre du G7 à Washington, les ministres des Finances et les présidents des banques centrales se sont mis d’accord sur de grands principes. Les États feront tout pour empêcher la faillite de banques importantes, comme dans le cas de Lehman Brothers. Les gouvernements devront débloquer le crédit nécessaire afin d’assurer que les banques et les institutions financières aient un large accès aux liquidités et aux capitaux afin qu’elles puissent continuer à prêter aux ménages et aux entreprises. Les pouvoirs publics devront aussi s’engager à débloquer le marché du crédit hypothécaire à l’origine de la crise financière actuelle.
Du côté de l’Europe, la rencontre des pays ayant l’euro comme monnaie s’est conclue sur des mesures inspirées du plan britannique. Chaque pays aura ses propres mesures alignées sur ses réalités intérieures. L’essentiel du plan européen sera de garantir le marché interbancaire, c’est-à-dire de permettre que les banques se prêtent entre elles sans courir de risques. Les banques étant devenues hésitantes à concéder leur excédent de liquidité dans l’approche de jours sombres.
Les mesures promulguées cette fin de semaine permettront peut-être au secteur financier de se relever, mais ne règleront pas les problèmes endémiques à long terme. Certaines voix commencent à s’élever pour que les bases du système soient révisées.
Bretton Wood, juillet 1944. Les grands de ce monde se réunissaient pour reconstruire le système financier mondial dévasté par la Seconde Guerre mondiale. À partir de ce moment, il est établi que chaque monnaie est convertible en dollars américains selon une parité fixe et que seul le billet vert peut être échangé contre de l’or. Ce système est abandonné au début des années 1970, reléguant ainsi le Fonds monétaire international, qui avait été crée dans la foulé de Bretton Wood, au simple rang d’observateur sans pouvoir. Aujourd’hui, il semble pertinent de se demander si créer une nouvelle organisation mondiale de la finance n’est pas devenu nécessaire.
Le système financier mondial est encore sensiblement le même, mais les stratégies mises de l’avant par les grandes puissances marquent le début d’un changement considérable. Aux États-Unis, pendant la séance du Congrès visant à adopter le plan de 700 G$, certains sénateurs se sont levés pour dénoncer un socialisme financier jugé «non américain». Le Wall Street Journal titrait quant à lui que «Wall Street tel que nous l’avons connu va cesser d’exister». Véritable camouflet à la politique de déréglementation de Bush, la nationalisation d’institution financière telle que Fannie Mae et Freddie Mac de même que du géant de l’assurance AIG, est une véritable révolution pour une droite américaine allergique au socialisme.
L’avenir des marchés financiers réserve des surprises. Les germes d’un contrôle étatique de la finance se mettent en place et les grands joueurs changent. Le candidat favori à la présidence des États-Unis, Barak Obama, aura de grands défis devant lui s’il est élu. Son idéologie prônant un rapprochement avec l’Europe et une économie adaptée aux réalités du XXIe siècle pourrait ouvrir la porte à une redéfinition des rapports entre l’État et un système financier globalisé.