Critique musicale: zouz – EP2

Le 12 octobre dernier, le trio rock bruitiste montréalais zouz faisait paraître un second EP, simplement intitulé EP2. Pour un groupe qui habite souvent dans un univers musical dense et complexe, on peut se surprendre, mais on ne peut les blâmer de la simplicité de la «musiconymie» ; ils ne peuvent pas tout faire en même temps.

La formule zouz est simple, mais efficace : on commence dans le calme (relatif), s’en suivra l’explosion, une basse agile, des percussions nerveuses et habiles, des guitares fuzzées à souhait. Les structures sont linéaires, ou du moins font fi du traditionnel couplet-refrain à plusieurs moments, privilégiant plutôt des ponts tendus entre deux idées mélodiques. La voix de David Marchand est souvent étonnamment douce, rappelant son temps avec Eliza, son ancien projet.

La comparaison est facile, mais il faut admettre que certains des riffs de Marchand rappellent les moments plus rock de Radiohead (Bordée tu nages, Acte manqué). Reste que réinventés dans un contexte noise rock, leur effet est tout autre. Et l’effet est d’ailleurs hautement réussi, le trio s’étant gréé de davantage de synthétiseurs pour cette deuxième parution, il sonne beaucoup plus gros et versatile qu’un trio rock habituel; Fuir est une escapade électronique surprenante, Crise de panique est un rock texturé plein d’intensité, Orchidées explose en une sorte de freak folk presque prog, Acte manqué est une magnifique balade devenant plus grande que nature dans le spectre stéréo grâce à la voix magnifique de Naomie De Lorimier (aussi connue sous le pseudonyme de N NAO).

zouz est un hydre à trois têtes singulier dans la «scène franco» montréalaise. On peut le rapprocher de quelques uns, c’est sûr, pensons à Bleu Nuit, Jackson Pulloff, Eliza, Duu (excellent projet solo du bassiste, Étienne Dupré), mais zouz a une touche de noirceur, un rappel plus clair aux années quatre-vingt-dix, une volonté d’expérimentation sonore qui en font un autre monstre. Sur six courtes pièces qui paraissent encore plus courtes que la vingtaine de minutes de EP2, rien n’excuse de ne pas prêter à zouz une oreille attentive.

 

7.5/10

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