C’est un Patrick Senécal enjoué, sympathique et très volubile qui a parlé avec passion de son dernier roman Malpha 2. Surtout connu pour ses romans à l’univers très sombre, il nous livre ici un roman qui ne fera pas frémir, mais bien sourire beaucoup de ses admirateurs.
Geneviève Décarie
« C’est un roman qui me ressemble peut-être un peu plus. J’ai un côté très humoristique. Mes amis me reconnaissent en le lisant. Le personnage de Sarkozy pourrait être une version de moi-même à la puissance 1000 », plaisante-t-il. Amoureux de la littérature, il s’est amusé à inclure cette dernière dans l’intrigue. Il voulait ainsi démontrer que deux styles littéraires pouvaient coexister, qu’on peut avoir du plaisir avec les deux. « Dans la vie, j’aime autant regarder un film de répertoire que le dernier Batman. Je voulais que ce roman reflète ça ».
Le but premier de ce nouvel opus est surtout de divertir. Par contre, Senécal avoue tout de même s’être amusé à dénoncer le système d’éducation dans lequel les étudiants évoluent aujourd’hui. « Le roman est très caricaturé, mais c’est vrai qu’aujourd’hui on a une sorte d’éducation édulcorée. On nivelle vers le bas pour assurer la réussite. Oui il y en a des étudiants intelligents, mais il y en a beaucoup qui se complaisent dans leur ignorance ».
Cette passion pour les lettres remonte à son enfance. En effet, Senécal a commencé l’écriture vers l’âge de 10 ans et n’a jamais arrêté par la suite. C’est à l’âge de 17 ans que son entourage l’encourage à se lancer plus sérieusement dans ce domaine. Il a finalement publié son tout premier roman à 26 ans, 5150 rue des Ormes. Entre temps, il a terminé un Baccalauréat en études françaises, un certificat en enseignement et démarré une maîtrise en cinéma qu’il n’a jamais terminée. Il a enseigné au cégep pendant 13 ans. « Maintenant je suis seulement écrivain. Je sais que je suis privilégié. Je vis ce que tous les écrivains au Québec rêvent et j’en profite pendant que ça va bien » avoue-t-il. Écrire est en quelque sorte une thérapie pour cet auteur de 44 ans : « C’est toujours très libérateur écrire une histoire. C’est un peu une façon de refaire le monde. Il y en a qui vont voir des psychologues, d’autres qui font du sport, et bien moi c’est l’écriture », confie-t-il.
L’idée de faire une série de livres lui est donc venue tout naturellement. « J’aimais l’idée de pouvoir développer les personnages. C’est l’fun de pouvoir commencer un roman en connaissant les personnages, en les faisant évoluer. Je ne sais pas encore moi-même tout ce qui arrivera dans les prochains tomes. Je sais seulement comment ça se terminera », assure l’auteur, originaire de Drummondville. Pour ceux qui s’inquiéteraient qu’une série puisse devenir redondante, Senécal les rassure en disant qu’il n’y aura pas plus de 4 ou 5 livres, juste assez pour bien conclure. « Pas question que ça s’étire pendant 15 ans » dit-il.
D’autre part, en janvier, le conte allégorique 15 minutes sortira en librairie. Un roman produit par plusieurs auteurs où chacune de leur histoire se croisera. Il s’agit, en quelque sorte, d’une version plus douce du roman à succès de Senécal, Le Vide. « C’est une critique de l’obsession du vedettariat dans notre société. Cette fois-ci, il n’y aura aucune goutte de sang ».
Côté cinéma, l’auteur a écrit un scénario directement pour l’écran qui est présentement en attente de financement et le projet Le Vide est toujours en attente. En ce qui concerne ce dernier, une coproduction sera nécessaire vu le budget qu’il nécessitera. « Pour moi le cinéma c’est un peu comme une consécration, ton univers va rejoindre beaucoup de gens et tu vois ce que tu imaginais dans ta tête. On ne peut pas balayer une telle opportunité ». Bref, l’auteur, souvent comparé à Stephen King, risque de se retrouver à l’avant-plan plusieurs fois au cours des prochains mois.
PHOTO : COURTOISIE, KARINE DAVIDSON