Cette contribution provient d’un étudiant de premier cycle en histoire, Félix Étienne.
Ce n’est pas la première fois que mon nom est évoqué dans les pages d’Impact Campus dans le cadre d’un référendum de la CADEUL. Pour ceux et celles qui s’en souviennent, j’ai occupé la fonction de coordonnateur du comité du Non lors du référendum portant sur l’affiliation à l’UEQ l’automne dernier. Me revoilà donc impliqué dans la politique estudiantine, cette fois-ci en faveur de l’option du Oui, mais avec quelques bémols.
J’habite en haute-ville, secteur déjà très bien desservi par le transport en commun, mais habituellement, je n’achète pas le laissez-passer mensuel du RTC durant les sessions automnales pour une simple et bonne raison : j’utilise mon vélo, car j’ai la chance de pouvoir compter sur un réseau de voies cyclables entre mon domicile et le campus universitaire.
Toutefois, étant membre de Québec solidaire, mes convictions socialistes et écologistes ne peuvent que me pousser à appuyer le principe du LPU. D’un point de vue environnemental, le projet est très séduisant : alors que la crise écologique s’annonce comme l’enjeu majeur du XXIe siècle, je ne peux être qu’en faveur de toute mesure visant à diminuer la place des automobiles dans notre réseau routier local au profit du transport en commun. N’oublions pas que le secteur des transports est responsable de près de 40 % des émissions québécoises de gaz à effet de serre : la transition écologique ne pourra pas être réussie sans un coup de barre significatif dans ce secteur. D’autant plus que la ville de Québec demeure toujours aussi marquée par le modèle dépassé du tout-à-l’auto datant du siècle dernier. Par ailleurs, le projet du LPU porte également plusieurs considérations sociales intéressantes : je soutiens fortement le principe d’universalité des services publics, c’est-à-dire payés par la collectivité et accessibles à l’ensemble de cette dernière. Avec la proposition actuelle, le coût du LPU revient à une diminution de 70 % par rapport à celui de ce service équivalent qu’est le laissez-passer métropolitain du RTC et de la STL.
Cependant, après quelques conversations avec des collègues universitaires, quelques objections me sont venues à l’esprit. Je dois tout d’abord reconnaître que le prix demandé en a fait sourciller plus d’un. Avec un tarif de 120 $ par session, qui augmentera jusqu’à 145 $ après trois ans et sera automatiquement indexé à 2 % par année durant les années subséquentes, la facture peut paraître salée pour plusieurs, d’autant plus que le montant généralement évoqué depuis 2009 était significativement inférieur.
Bien sûr, je crois en toute bonne foi que les exécutant-e-s de la CADEUL et de l’AÉLIÉS ont fait le maximum pour négocier l’entente la plus favorable possible pour la communauté étudiante. Rappelons toutefois que la mesure sera financée en quasi-totalité par la population étudiante : l’administration universitaire et les sociétés de transport n’assumeront qu’une très faible part de la facture. [NDLR : l’Université Laval contribuera via du personnel administratif attitré à la gestion du service]
On peut bien sûr plaider que le RTC et la STL utiliseront cette manne financière pour améliorer leurs services et étendre le territoire qu’elles desservent. J’aimerais toutefois rappeler que la transition écologique est l’affaire de tous et toutes. J’interpelle donc ici les pouvoirs publics provinciaux et municipaux qui financent les sociétés de transport ; il n’en tient qu’à eux de faire des choix politiques conséquents, à savoir de financer le transport en commun plutôt qu’un inutile et très coûteux troisième lien (ce n’est qu’un exemple…) Je me permets aussi de critiquer l’absence d’engagement de l’administration universitaire. Contrairement à son homologue de l’Université de Sherbrooke, l’Université Laval ne participera que très peu, sur un plan financier, au projet du LPU. À cet égard, les chiffres sont parlants : 120 $ par session ici, contre à peine 35 $ [NDLR: 32,54 $] à Sherbrooke… Pour un établissement comme l’Université Laval qui tient tant à son image d’institution engagée en faveur du développement durable, voilà ici une belle occasion manquée de passer de la parole aux actes.
Malgré tout, je demeure en faveur du principe du LPU, et considérant que cette question traîne depuis près d’une décennie, je souhaite que la majorité de la communauté universitaire vote Oui au cours du référendum. Toutefois, j’espère vivement que l’Université Laval et les responsables politiques assument également leur part de responsabilité environnementale.