Photo: Julie-Anne Perreault

Quatre assos en grève pour la rémunération des stages

Un peu plus de 50 000 étudiant(e)s des cégeps et universités de la province feront grève cette semaine, principalement mercredi, pour obtenir la rémunération de tous les stages. À l’Université Laval, le RÉSUL (sociologie 3 cycles), l’ADEPUL (physique premier cycle), l’AÉÉA (anthropologie 3 cycles) et l’AGEEPP (philosophie premier cycle) répondent à l’appel des comités unitaires pour le travail étudiant (CUTE).

« L’explosion des stages est associée à un contexte économique particulier marqué par la détérioration des conditions d’emploi et par l’accroissement de la compétitivité du monde du travail, en particulier pour les jeunes », peut-on lire sur le site web de l’organisation, grevedesstages.info.

Respectivement, l’AÉÉA, l’ADEPUL et l’AGEEPP feront grève le 21 novembre, jour de la manifestation montréalaise pour la rémunération des stages, alors que le RÉSUL prolongera cette période au 20 et 22 novembre.

Cette semaine d’actions nationales et décentralisées s’inscrit dans une escalade des moyens de pression, visant à lancer un «ultimatum au gouvernement afin de mettre en place un programme de rémunération de l’ensemble des stages dans l’ensemble des programmes et à tous les niveaux d’étude, soit dans les universités, dans les cégeps et dans les écoles de formation professionnelle. »

Les différentes associations qui débraient cette semaine n’excluent pas la possibilité d’entrer en grève générale illimitée (GGI) ce printemps afin de forcer la main des décideurs. Rappelons que la campagne pour la rémunération des stages remonte à septembre 2016, alors que les doctorantes en psychologie entraient en grève pour la rémunération de l’internat.

Le travail gratuit, une affaire de genre ? 

L’axe principal de la campagne pour la rémunération des stages se veut celui du genre. Faisant référence à une étude réalisée auprès des étudiant(e)s de l’Université de Sherbrooke, on peut lire sur le site internet de la campagne que « 80,2% des femmes effectuent des stages non rémunérés. Chez les hommes, la proportion est nettement inférieure puisque 53,4% d’entre eux réalisent des stages non rémunérés. Lorsque les femmes reçoivent une rémunération, elle est bien souvent inférieure à celle de leurs collègues masculins. »

Reproduisant des inégalités basées sur le genre, la majorité des programmes à forte concentration masculine (gestion, génie) offrent des stages rémunérés alors que les programmes à forte concentration féminine (travail social, soins infirmiers) peinent à reconnaitre la valeur du travail des stagiaires. Cela s’inscrit dans un processus de dévalorisation des métiers féminins- souvent des extensions des rôles traditionnels féminins- et de cantonnement des femmes à l’intérieur de ceux-ci.

QS se range du côté des étudiant(e)s

Le début de la semaine d’actions pour la rémunération des stages a aussi fait écho à l’Assemblée nationale, alors que Québec Solidaire propose depuis plus d’un an l’organisation d’un sommet sur la question des stages afin d’aboutir à une politique nationale garantissant la rémunération des stages et encadrant légalement ceux-ci.

«M. Roberge, vous avez une occasion en or de vous démarquer de vos prédécesseurs : n’attendez pas que le vase déborde avant de rencontrer les étudiants et les étudiantes et de trouver une voie de passage pour reconnaître leur travail », souligne le co porte-parole de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, via communiqué.

Plus tôt cette session, le gouvernement de Philippe Couillard avait annoncé un programme de valorisation des futures enseignantes et futurs enseignants correspondant à une compensation d’environ 4000$. La campagne en cours vise à obtenir le même genre d’ententes pour l’ensemble des programmes d’étude.

« La compensation financière du fameux « stage 4 » en éducation est un bon début, mais dans bien d’autres domaines, le « cheap labour » demeure un passage obligé du parcours collégial et universitaire, indique le député de Gouin. Trop d’étudiantes et d’étudiants, déjà aux prises avec une situation précaire, sont mis au pied du mur.»

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