Une fraction de seconde et la vie du petit ami de Tania Laberge s’envolait à tout jamais. Concentrée à écouter la matière enseignée par l’un de ses professeurs, l’étudiante universitaire apprend en classe la mort subite de celui avec qui elle partageait son quotidien. Une voiture venait de le happer au milieu d’une route, alors qu’il travaillait à la réfection d’une piste cyclable. Temps d’arrêt sur la force dont la jeune femme de 21 ans fait preuve pour recentrer les choses, afin de surmonter à la fois un deuil, mais aussi une peine d’amour.
Par Andréi Audet, journaliste multimédia
Ne sachant pas sur le coup que son amoureux ne survivrait à la brutalité de l’accident dont il a été victime, Tania est tout de même prise d’une terrible angoisse. Ce n’est que peu de temps après qu’une personne lui apprend qu’elle ne pourrait plus jamais serrer dans ses bras l’homme avec qui elle s’était pourtant réveillée quelques heures plus tôt.
« Les gens autour de moi m’ont vue m’écrouler par terre lorsque j’ai su au téléphone qu’il n’avait pas survécu. Mes souvenirs sont flous. Une agente de sécurité a tenté de m’aider à retrouver ma respiration. Je n’avais plus la force de marcher. On a dû m’amener à l’extérieur de l’université en chaise roulante », se souvient-elle.
Le choc des émotions
Plongée dans un véritable tourbillon d’émotions fortes, celle qui aspire faire carrière dans le monde de l’administration ne saurait statuer sur ce qui l’envahit le plus aujourd’hui.
« La tristesse est bien présente. La colère aussi, car je lui en voulais de ne pas avoir regardé avant de descendre de son camion. Je réalise avec le temps qu’il avait plusieurs trucs en tête, il a donc dû être distrait. Je m’ennuie également de lui, évidemment », explique Tania.
Un support essentiel
N’étant pas la seule à avoir perdu un proche après la mort de son copain, Tania est reconnaissante de pouvoir
compter sur le support de tous dans l’épreuve qu’elle traverse.
« Bien que mes amis et ma famille me soutiennent énormément, j’apprécie que ma belle-famille soit là, car elle vit le même genre de chagrin que moi. Je peux leur parler de Kaven lorsque j’en ai besoin. Je me sens comprise dans ce que je vis », reconnaît-elle.
De l’aide extérieure
La Saguenéenne d’origine n’a pas hésité à consulter des professionnels de la santé, et ce, dès le lendemain du tragique événement.
« C’était important pour moi de pouvoir parler à une personne neutre par rapport à tout ce qui s’était passé. Je voulais qu’on m’éclaire sur mon cheminement. Ça m’a complètement déboussolée », croit-elle.
Elle a notamment reçu les conseils d’une travailleuse sociale qui lui a proposé d’écrire à son ami de cœur.
« Lui raconter comment je me sens. Comment ma journée s’est passée. Selon elle, c’est important de vivre nos émotions, de ne pas les repousser dans un coin, car elles finissent toujours par resurgir un jour ou l’autre », précise-t-elle.
Le cheminement vers soi
Même si ses activités quotidiennes ont été chamboulées, entre autres par le manque de sommeil, Tania croit être en mesure avec le temps de remonter la pente.
« Il faut penser à soi avant tout. C’est difficile pour moi, car ça peut sembler égoïste. Il y a une partie de moi qui a grandement été ébranlée dans tout ça, donc je dois la reconstruire. Si j’ai envie de quelque chose, je le fais, peu importe le moment. Je dois me recentrer vers les petits plaisirs de la vie », estime-t-elle.
Le deuil ne fait que débuter pour Tania, qui trouve encore très douloureux de penser aux choses qui lui font rappeler Kaven. Elle espère que cette douleur s’estompe sans pour autant oublier l’homme qu’elle aimera toujours. Elle sait que de là-haut, elle pourra toujours se reposer sur son épaule.