Ralentir pour vivre l’instant présent

Entretien avec Karine Drouin, auteure et coach de vie

L’un des grands maux des sociétés occidentales est sans aucun doute le rythme effréné dans lequel leurs habitants sont plongés au quotidien. Peu importe la fonction occupée, personne n’y échappe ou presque. Karine Drouin, diplômée en psychologie de l’Université Laval, nous offre ses conseils en tant qu’experte en épanouissement personnel pour relâcher la pression.

Par Andréi Audet, journaliste multimédia

Impact Campus : Le quotidien d’une personne est souvent surchargé, à tel point qu’il devient difficile d’avoir des moments de répit. Avez-vous des conseils pour prendre le temps de se poser durant la journée, question de reprendre un peu d’équilibre ?

Karine Drouin : Vivre l’instant présent totalement. Cela peut sembler tellement difficile avec le rythme effréné de la vie, mais ça se fait relativement bien à l’aide de la méthode des cinq sens. Il suffit de prendre conscience qu’on utilise nos sens pour vivre, prendre le temps de saisir l’instant présent si précieux. Par exemple, regarder ce qui se passe autour de nous, prendre conscience des odeurs, toucher la texture d’un chandail, d’une nappe, nommer ou dire pourquoi nous sommes reconnaissants, regarder un être humain dans les yeux, établir un vrai contact visuel et prendre le temps de lui sourire. De cette façon, nous ralentissons automatiquement le rythme et prenons les choses une à la fois.

L’importance de prendre des pauses est aussi cruciale. Sortir de notre fausse croyance que si nous sautons la pause, nous sauvons du temps : c’est absolument faux. Elles sont nécessaires à l’équilibre et permettent de prendre un certain recul face à une tâche ou un projet en cours. La motivation se voit aussi augmentée suite à une pause. Pour avoir coaché des entrepreneurs et des étudiants depuis des années, je peux aussi dire que c’est souvent lors des pauses qu’émergent (comme par magie) les meilleures idées ou solutions à nos difficultés ou problèmes.

Profiter des moments qui semblent insignifiants pour relaxer, prendre de grandes respirations et faire le vide. C’est le genre de moment qu’on qualifie de perte de temps : file d’attente à l’épicerie, dans les moyens de transport, lorsqu’on assiste à un match.

Personne autour de vous ne saura que vous prenez de grandes inspirations/expirations pour calmer votre mental et votre agitation afin d’améliorer votre bien-être. Plusieurs de mes clients le font aussi au bureau lors des pauses ou des heures de repas.

Crédit : Photo courtoisie Native de La Sarre, en Abitibi, Karine Drouin a aidé, depuis ses tout débuts en tant qu’intervenante en santé mentale au CSSS des Aurores-Boréales jusqu’à la pratique privée, des dizaines de personnes à retrouver le chemin du bien-être intérieur. Elle fait également depuis quelques années le tour du globe pour tenir des conférences sur la recherche du bonheur. La mère de deux jeunes filles a déjà trois livres à son actif : Un burnout en cadeau! (2015), Raccourcis vers le bonheur (2017) et Être un parent présent et imparfait! (2018).
I. C. : Une journée trop remplie, où on n’a pas le temps de s’arrêter peut être source d’angoisse également pour certaines personnes, sans qu’elles s’en rendent compte. Que pouvons-nous faire pour éviter de se rendre jusqu’à l’épuisement ?

K. D. : Revenir à la base si précieuse, ainsi qu’à nos essentiels : bien dormir, bien manger, bouger et avoir du plaisir. C’est la base de toute vie heureuse et équilibrée et lorsque les gens sont pressés, ironiquement, c’est ce qu’ils mettent de côté en premier. Pour y arriver, il faut planifier. Oui, oui, planifier le fait de se reposer, comme si c’était un rendez-vous précieux et important chez votre médecin. En réalité, c’est aussi précieux sinon plus que tous les autres engagements que vous avez dans la journée. Il faut garder en tête que cette base essentielle est notre carburant, c’est ce qui nous permet d’avancer, de faire nos devoirs, par exemple, ou de remettre nos travaux. Sans carburant, nous pourrons seulement fonctionner à court terme. À long terme, on court tout droit à l’épuisement. Il est donc préférable de mettre à l’agenda du temps de repos, pour bouger, bien manger chaque jour afin d’éviter d’être hors service pour une longue période.

 

I. C. : Au final, qu’est-ce qui contribue selon vous à ce que les gens vivent tout très rapidement, presque sans arrêt ?

K. D. : Les nombreux clients rencontrés à travers les années m’amènent à croire que ce qui nous rend la vie maintenant si facile nous la complique aussi à la fois. Par exemple, c’est si facile de communiquer maintenant, d’avoir accès à tout le monde, en tout temps et c’est merveilleux d’une certaine façon. Mais cela fait aussi en sorte que l’être humain est constamment sollicité. Les gens, même lorsqu’ils sont à la maison, sur leur temps personnel ou de repos, sont joignables pour le travail, l’école ou encore les urgences. Il est d’autant plus difficile de décrocher, prendre le temps, se reposer et se prioriser. La gestion des médias sociaux est aussi beaucoup pointée du doigt, car énormément de temps passé sur ceux-ci fait en sorte qu’il reste peu de temps pour prendre soin de sa santé mentale et physique

 

 

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